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Salomé Legrand , modifié à
Deux hommes sont convoqués mercredi devant le tribunal correctionnel de Meaux après avoir vendu de la drogue à un jeune homme, consommateur occasionnel de cocaïne, devenu gravement handicapé. 
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C'est une affaire de drogue particulière qui se retrouve devant la justice. Deux dealers sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Meaux, en Seine-et-Marne, après avoir vendu de la drogue à un jeune homme devenu gravement handicapé. Les proches de ce consommateur occasionnel à "la vie gâchée" se sont confiés en exclusivité à Europe 1. Leur but ? Eviter que d’autres ne fasse la même erreur. 

A une heure près, il était mort. En août 2013, Yohan, la trentaine, grand brun, fils de bonne famille vient de décrocher un contrat de caméraman au Ghana. Il retrouve deux amis d’enfance, consommateurs occasionnels de drogue comme lui, et achètent deux grammes de ce qu’ils croient être de la cocaïne pour leur soirée. Mais quand ils la testent, les deux amis trouvent "qu’elle pique", qu’elle "n’a pas le goût habituel". Malgré tout Yohan en reprend. Le lendemain il ne se réveille pas. A 15h, ses copains appellent le Samu qui estime qu’à "une heure près", le jeune homme était mort.

Impossible de tenir une fourchette. Après 6 mois dans le coma, Yohan est aujourd’hui aveugle, et tétraparésique, tout son lobe frontal est endommagé. "Il passe le plus clair de son temps alité ou dans une chaise roulante", raconte son oncle qui lui rend visite toutes les semaines à l’Institut médicalisé où Yohan séjourne. "Tenir une fourchette pour s’alimenter est absolument impossible, les rares mouvements nécessitant un effort monstrueux de sa part consistent à bouger le bras de quelques centimètres à peine", détaille-t-il en espérant que son neveu réussisse un jour à tenir une télécommande ou changer seul la musique sur son lecteur mp3.

De l’héroïne coupée aux opiacés. Yohan est conscient, il parle mais n’a aucun souvenir du passé immédiat, aucune notion du temps non plus et les meilleurs neurologues que sa famille a consulté ont peu d’espoir d’amélioration. La drogue qu’il a consommée était en fait de l’héroïne coupée avec au moins six autres substances dont des opiacés. Devant les enquêteurs, le dealer et son intermédiaire admettent qu’ils ont vendu "de la merde" mais difficile de déterminer s’ils savaient à quel point elle était toxique.

"Une forme d'empoisonnement". Pour Me Stéphane Sebag, l’avocat de la famille de Yohan, "les dealers n’ont que le souci de gagner de l’argent, ils n’ont que peu de cas à faire des gens qui leur achètent ces produits stupéfiants". Et d’ajouter : "ce dossier démontre que le produit vendu ne correspondait pas en terme de couleur, de matière et de teneur à de la cocaïne et ça ne les a pas empêchés de la vendre. Pour moi, c’est une forme d’empoisonnement".

"Il a suffi d’une seule prise". Et même s’ils reconnaissent que Yohan a fait une bêtise irréparable qui lui a gâché la vie, aujourd’hui ses proches souhaitent surtout marteler qu’il n’y a pas de consommation festive de drogue pour éviter que d’autres ne fasse la même erreur. "Il faut que tous les parents sachent que ces produits stupéfiants sont accessibles pour moins de 100 euros, que des gens sans scrupules vendent tout ce qui est à disposition", souffle son oncle "il a fallu d’une seule prise pour que mon neveu tombe sur un véritable poison et que sa vie soit gâchée".