Foot US, des pains et du jeu

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Avant le Super Bowl, Europe1.fr vous présente le football américain, un spectacle total.

Les bases du jeu

L'origine. Cela saute aux yeux. Le football américain est l’enfant du rugby et du football, tous deux importés d'Angleterre aux Etats-Unis dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il s'est développé et a muté sur les campus américains, ce qui explique aujourd'hui l'énorme impact du foot universitaire. Du rugby, le football américain a hérité les plaquages, la ligne d'en-but, les poteaux. Du foot, il reste les 11 joueurs de champ et... le nom. En 1920, la NFL (National football league) est créée. Depuis, la toute puissante Ligue règlemente et vend le football américain dans le monde entier.

Le principe... en attaque. Non, le football américain n'est pas un sport compliqué. Une seule règle est à retenir : l'équipe qui attaque a quatre tentatives pour avancer de 10 yards sur le terrain (soit un peu plus de 9 mètres). Pour cela, elle dispose de deux moyens : la passe et la course. Dans les deux cas, c'est le quarterback (l'équivalent d'un n°10 en foot) qui assure la mise en jeu et applique la tactique (il en existe des centaines et centaines...). Si, à l'issue des quatre tentatives, l'équipe a franchi 10 yards, elle bénéficie d'une autre série de quatre tentatives (un terrain mesure 100 yards). L'objectif, comme au rugby, est de rejoindre l'en-but adverse et de marquer un touchdown (6 points + 1 ou 2 points en fonction du type de transformation choisie, au pied ou à la main). Deux grosses différences avec le rugby sont à relever : la passe se fait vers l'avant (une par action) et il n'y a pas besoin de plaquer le ballon au sol pour marquer.

Le principe... en défense. Logiquement, il s'agit d'empêcher l'attaque adverse de franchir les 10 yards – via plaquages, blocks, interceptions, etc. - et de la forcer à lâcher la possession du ballon. Une fois la possession perdue, deux possibilités s’offrent à l’équipe qui attaquait. Si elle est proche de l'en-but, elle tentera un field goal (coup de pied à trois points). Si elle est éloignée de l'en-but, elle procédera à un coup de pied de dégagement qui consiste à repousser l'équipe adverse le plus loin possible. Ces deux actions sont considérées comme des quatrièmes tentatives. Ce qui fait qu'en réalité, 90% du temps, l'équipe utilise seulement trois tentatives pour franchir les 10 yards, la dernière consistant soit à marquer, soit à se dégager.

Le Super Bowl. A la différence des autres grands sports américains, la finale du championnat se déroule sur un seul match. La rareté est d'ailleurs ce qui fait le charme du foot US. En effet, les équipes ne disputent pas 162 matches de saison régulière comme au base-ball ou 82 comme en NBA, mais seulement 16 avec un calendrier s'étalant de septembre à janvier. Les play-offs concernent ensuite douze équipes. Evenement sportif télévisé le plus suivi de l'année aux Etats-Unis, le Super Bowl est également l'occasion d'une grande fête avec le célèbre show musical à la mi-temps. La 45e édition aura lieu dimanche (0h00) et opposera les Steelers de Pittsburgh aux Packers de Green Bay.

Les risques. Dès sa naissance, le football américain est montré du doigt comme étant un sport violent. Sur la seule année 1905, on dénombre ainsi pas moins de... 19 morts ! Même si les équipements qui protègent les joueurs sont nombreux (casque, épaulière, protections sur les cuisses, les hanches, le coccyx, etc.), les risques sont encore réels. Pour éviter les commotions cérébrales, la plaie de ce sport, les plaquages avec la grille du casque ou à retardement sont lourdement sanctionnés sur et en dehors du terrain. Mais la multiplication des chocs, le surentraînement et le dopage expliqueraient l'espérance de vie moyenne d'un joueur pro, qui ne dépasserait pas les 55 ans...

Histoires et stars

L’icône. Tom Brady a déjà remporté trois Super Bowls dans sa carrière (2002, 2004 et 2005). Tom Brady est en lice pour être élu meilleur joueur de la saison. Tom Brady est le joueur le mieux rémunéré de la NFL, avec 18 millions de dollars (13 millions d'euros) garantis par an. Tom Brady est marié au top model brésilien Gisele Bündchen. Bref, tout va bien pour celui qui est aujourd’hui bien plus qu’un grand joueur, mais une icône.

Le repenti. Michael Vick incarne à lui seul la mythologie américaine de la rédemption. Condamné en août 2007 à 23 mois de prison ferme pour avoir organisé des combats de chiens et en avoir noyé et pendu quelques-uns, le quarterback-star des Falcons d'Atlanta a effectué son retour au jeu fin 2009, avec les Eagles de Philadelphie. Remplaçant du remplaçant la saison dernière, il a retrouvé ses jambes de feu cette saison en tant que titulaire et s'est remis à torturer... les défenses adverses.

La fratrie. Les Américains aiment les histoires de famille. Alors, vous pensez, deux frères, quarterbacks tous les deux, qui se succèdent au palmarès du Super Bowl... Les frères Manning, Peyton et Eli, ont remporté le "Big match" à un an d'intervalle, le premier avec les Colts d'Indianapolis en 2007, le second avec les Giants de New York en 2008. Les deux gamins de Louisiane sont tombés dedans quand ils étaient petits. Leur père, Archie, a, lui aussi, évolué en NFL au poste de quarterback, mais sans jamais atteindre le Super Bowl. Les fils ont donc réalisé le rêve du père. Cela fera(it) un bon film.

La légende. Joe Montana. Le nom claque comme une marque, sa marque. En une décennie aux 49ers de San Francisco - de 1980 à 1990 -, il a remporté quatre Super Bowls (1982, 85, 89 et 90) et décroché deux titres de meilleur joueur. Il fut surnommé "Joe Cool" en raison de son sang-froid et de sa capacité à faire basculer une rencontre dans les derniers instants. A 31 reprises, Montana a ainsi permis à son équipe de l'emporter dans le quatrième quart-temps alors qu'elle était menée. Parmi les moments les plus forts de sa carrière, on retient cette passe délivrée vers Dwight Clarke face aux Cowboys, en finale de conférence de la saison 1981.

Foot et culture populaire

Le jeu vidéo. Aux Etats-Unis, Madden NFL dépasse le simple cadre du jeu vidéo pour atteindre celui de phénomène de société. Il s'est vendu plus de 5 millions de copies de la dernière mouture du jeu l'an passé, essentiellement sur le continent américain. Ce soft déclenche une telle passion outre-Atlantique qu'on évoque même régulièrement une malédiction autour de la jaquette. A plusieurs reprises par le passé, le joueur apparaissant en couverture s'est en effet blessé la saison suivante. Le must a été atteint en 2008 avec Brett Favre en couverture sous le maillot des Packers de Green Bay, une franchise qu'il allait quitter quelques semaines plus tard…

Regardez cette simulation du 45e Super Bowl :

Le cinéma. Sport éminemment visuel, le football américain, c'est du cinéma. Pas étonnant, donc, qu'un grand nombre de productions à Hollywood sacrifient à la scène de foot US. Mais "le" film qui fait autorité en la matière, c'est bien évidemment L'Enfer du dimanche d'Oliver Stone, dont le titre original, Any given sunday (littéralement "chaque dimanche"), rend davantage compte de l'aspect grand-messe de cet incontournable rendez-vous télé dominical. Fric, filles, fêtes,... Le film est un condensé de la folie du foot, mais il rend compte aussi des valeurs de passion et de transmission qui irriguent ce sport, incarnées par le personnage de l'entraîneur joué par Al Pacino.

Al Pacino motive ses troupes dans "le" discours du film :