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Caroline Baudry / Crédits photo : NICOLAS RONGIER / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Des milliers d'étudiants de Sciences Po Paris ont été empêchés de suivre les cours depuis vendredi dernier par une mobilisation pro-palestinienne qui a secoué le campus. La direction de l'établissement a choisi d'abandonner les poursuites avec l'objectif de ramener la sérénité et la sécurité sur le campus, ce qui soulage certains étudiants.

La région Ile-de-France "suspend" ses financements à destination de Sciences Po, théâtre d'une mobilisation pro-palestinienne sous tension, "tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies", a annoncé lundi la présidente LR Valérie Pécresse. Le blocage par des militants pro-palestiniens avait pris fin vendredi après un accord avec la direction de l'établissement, désormais accusée par des députés de la majorité et des Républicains d'avoir "plié" face aux exigences de quelques centaines de militants.

"Des images avec les mains rouges [...] si c'est fait volontairement, ça doit amener une sanction"

Désormais, les drapeaux palestiniens sont enroulés, les pancartes à slogans rangées. De nombreux étudiants sont soulagés d'avoir repris les cours à l'approche des examens, après un blocage réalisé par une minorité. "Les gens qui bloquent, qui font du trouble à l'ordre public, des slogans comme 'From the river to the sea'... Tout ceci qui appelle clairement à la destruction de l'État d'Israël. Des images avec les mains rouges qui rappellent l'attentat qu'il y a eu à Ramallah. Si c'est fait volontairement, ça doit amener une sanction", tranche Ethan, 20 ans.

"Il y a une majorité silencieuse qui veut exercer ses études dans le calme"

Une poignée d’étudiants quittent la rue ultra-cossue, keffieh sur les épaules. Le malaise autour du noyau dur de militants est palpable, lâchent discrètement Samuel et Azylis. "Ce qui se passe aujourd'hui à Gaza, c'est un désastre. La cause est largement défendue, mais il y a, je pense, une majorité de positions plus nuancées. Et il y a l'autre majorité silencieuse qui, elle, veut simplement exercer ses études dans le calme, dans la tranquillité", lancent ces deux étudiants.

Le dialogue semble être resté aux portes de l’établissement. Isabelle, professeure d'espagnol, se dit marquée par le souvenir de sa tentative d’échange avec ses étudiants. "Il y a eu un silence de plomb, comme si tout le monde surveillait beaucoup ses mots. Il y avait eu une tension très forte et des réactions à fleur de peau au point que je me suis dit que comme ça n'avait pas de relation avec mon cours, j'allais cesser d'en parler", raconte-t-elle. 

La majorité des jeunes rencontrés, stressés par les examens, parlent déjà du blocage au passé. Être politisés, oui, mais il n'est pas question de devenir le théâtre de certains candidats à l’approche des élections européennes.