Colère des agriculteurs : les autorités inquiètes avant Noël, la mobilisation s’amplifie et se structure
La mobilisation des agriculteurs prend une ampleur nationale. Entre durcissement des actions, unité syndicale inédite et premiers signes de convergence avec d’autres professions, le mouvement s’amplifie et se répand avant Noël. Opposés aux abattages sanitaires de cheptels et au projet d’accord UE-Mercosur, les agriculteurs entendent maintenir leurs blocages.
Jusqu’où ira le mouvement des agriculteurs ? Farouchement opposés à l’abattage de troupeaux bovins en cas de suspicion de dermatose nodulaire, et vent debout contre l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne, les éleveurs accentuent leur mobilisation.
Syndicats agricoles main dans la main
Selon les informations d’Europe 1, près de 4.000 agriculteurs ont participé ce jeudi à au moins 80 actions recensées partout en France. Près des deux tiers des départements sont désormais concernés par ce mouvement qui ne cesse de s’étendre, faisant redouter aux autorités un durcissement de la contestation à l’approche des fêtes de fin d’année.
Pour Marouane Ziane, policier à Bordeaux et délégué régional du syndicat Alliance, les agriculteurs "sont mis à mal, ils sont déterminés et prêts à aller loin. On voit que ça monte en puissance. Au départ, c’était concentré dans le Sud-Ouest, mais désormais d’autres villes du territoire national sont touchées. Les appels à rassemblement se multiplient. On les sent très déterminés", explique-t-il.
Une détermination illustrée par l’unité affichée entre les différents syndicats agricoles. Sur les barrages et les points de blocage, la FNSEA, la Coordination rurale, la Confédération paysanne et plusieurs organisations locales manifestent côte à côte, mettant entre parenthèses leurs divergences historiques.
Une union rare qui renforce considérablement la portée du mouvement et sa capacité de pression sur les pouvoirs publics, alors que l’accord sur le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur pourrait être validé ce samedi.
Craintes d’une convergence élargie et tentatives de récupération
Les autorités redoutent également une convergence interprofessionnelle. Les viticulteurs participent déjà activement aux mobilisations et, fait plus inhabituel, certains acteurs du bâtiment affichent leur solidarité. À Agen, la Fédération française du bâtiment (FFB) a ainsi appelé ses adhérents à rejoindre les agriculteurs vendredi matin pour manifester devant la préfecture.
Selon les informations d’Europe 1, des tentatives de récupération politique émergent aussi en marge du mouvement. Des collectifs issus de l’ultra-gauche chercheraient à s’y greffer, proposant notamment l’organisation de rassemblements festifs de type rave-party sur des terres agricoles afin de "tenir le terrain".
D’après plusieurs sources sécuritaires, ces groupes promettraient de reverser aux exploitants les fonds récoltés lors de ces événements. Une initiative qui suscite de fortes réticences au sein du monde agricole, soucieux de préserver l’indépendance du mouvement et la lisibilité de ses revendications.
Face à cette situation explosive, des policiers implantés dans le Sud-Ouest qui n’avaient pas encore posé leurs congés ne peuvent désormais plus le faire pour rester mobilisable, indique une source sécuritaire basée en région Occitanie.