Reconfinement : "le risque n’est pas plus grand chez les petits commerçants"

De nombreux commerces sont fermés depuis vendredi.
De nombreux commerces sont fermés depuis vendredi. © ALAIN JOCARD / AFP
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Léa Leostic , modifié à
Le professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, était l’invité d’Europe 1 samedi soir. Il est revenu sur les mesures prises pour lutter contre le coronavirus : le reconfinement et la fermeture de nombreux commerces. Mais selon lui, ce n’est pas là où se forment les clusters.
INTERVIEW

Depuis vendredi, les Français sont à nouveau confinés chez eux, pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Les bars et les restaurants ont dû fermer leurs portes, tout comme les commerces qui ne sont pas considérés comme de "première nécessité", comme les librairies ou encore les petits commerçants. Une mesure que certains jugent inéquitable par rapport à la grande distribution.

"Les clusters ne se forment pas dans les commerces"

"L’épidémiologiste qui est en moi devrait dire qu’il faut tout fermer, les librairies et les grandes surfaces", a réagi le professeur Eric Caumes, au micro d’Europe 1 samedi soir. "Mais à partir du moment où on laisse les grandes surfaces ouvertes, je ne vois pas pourquoi on ne laisserait pas ouverts les petits commerces. Je ne suis pas sûr que le risque soit plus important chez les petits commerçants que dans les grandes surfaces", a continué le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

"On n’a aucune donné scientifique pour affirmer ça, mais on sait où se forment les clusters et ce n’est pas dans les supermarchés ni dans les petits commerces. Ils sont dans les entreprises, dans les collèges, les universités, dans les structures médiales, les Ehpad et les hôpitaux", a-t-il complété.

Les vacances scolaires ont aidé à casser les chaînes de transmission

Interrogé sur l’efficacité de ce confinement, plus souple que celui du printemps, Eric Caumes est resté prudent : "Ce sera forcément moins efficace qu’au printemps. […] Il faut attendre au moins 15 jours, voire trois semaines avant d’en observer les conséquences". "Même si le couvre-feu n’est pas d’une efficacité extraordinaire, il a probablement aidé. D’autant plus qu’en même temps que le couvre-feu, il y a eu les vacances scolaires qui ont aidé à casser les chaînes de transmission", a développé l’épidémiologiste.

Un déconfinement trop brutal

Eric Caumes a également appelé à ne pas commettre les mêmes erreurs qu’il y a six mois. Pour lui, le déconfinement a été trop brutal et c’est ce qui explique en partie cette deuxième vague. "On aurait dû déconfiner de manière beaucoup plus progressive, et surtout déconfiner une fois que la stratégie 'tester, tracer, isoler' était bien en place, car c’est la seule solution que nous avons pour casser l’épidémie. Malheureusement, on n’était pas assez prêt, on a été rapidement débordé. On n’a pas su protéger les personnes fragiles, qui entrent dans les hôpitaux aujourd’hui", a-t-il conclu.