Jugé pour avoir encore transmis le sida : "c'est une vengeance"

Christophe Morat  lors de son procès en appel en 2005.
Christophe Morat lors de son procès en appel en 2005. © MAXPPP
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avec Noémie Schulz , modifié à
Cet homme, déjà condamné pour des faits similaires, cachait sa maladie à ses partenaires et refusait les relations protégées. L'une des ses victimes, traumatisée, espère le voir condamné. Elle s'est confiée à Europe1.

En 2005, il avait été condamné pour avoir consciemment transmis le virus du sida à deux de ses compagnes. Christophe Morat  se retrouve lundi une seconde fois devant la justice, pour le procès d'une effrayante récidive. A sa sortie de prison, après quatre années passées derrière les barreaux, l'homme a recommencé à avoir des relations sexuelles non protégées sans prévenir ses partenaires de sa maladie. L'une d'elle a été contaminée, les autres restent traumatisées.

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Il refuse de se protéger, elle lui fait confiance. Stéphanie, aujourd'hui âgée d'une vingtaine d'années, est encore mineure quand elle fait la connaissance de Christophe Morat. L'homme est chauffeur de bus scolaire, elle, est animatrice, "jeune et amoureuse" selon ses propres mots. Alors quand son compagnon refuse de se protéger, elle décide de lui faire confiance. Mais au bout d'un an de relation, Stéphanie découvre sur Internet le passé et la précédente condamnation de son compagnon. S'en suit une nuit d'angoisse.

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"J'avais peur d'être contaminée". "J'ai regardé quasiment toute la nuit tous les articles que j'ai pu trouver sur son lourd passé. Il y a eu un gros vide en moi", confie-t-elle au micro d'Europe 1. "J'avais peur d'être contaminée, d'autant que je l'ai appris un soir et qu'ainsi je ne pouvais pas faire le test tout de suite : j'ai dû attendre le lendemain", se souvient la jeune femme.  "A ce moment là, je ne savais pas que l'on pouvait avoir un traitement à vie pour continuer à vivre. Je me suis dit qu'il ne me restait plus que quelques années si je l'avais", assure-t-elle.

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"Pour lui, c'est une vengeance de contaminer les autres". Stéphanie respire enfin après une batterie d'examens : elle n'a pas été contaminée. Mais elle décide cependant de porter plainte. Elle espère aujourd'hui une lourde condamnation pour son ex-compagnon. "Si il a ce virus, c'est qu'on l'a contaminé. Pour lui c'est une vengeance de contaminer les autres", estime la jeune femme. "J'aimerais qu'il soit condamné lourdement, à perpétuité même. C'est tout de même son second procès et il n'a toujours pas compris. Même si il retourne en prison pendant quelques années, je pense qu'il recommencera", déplore-t-elle.

Comme Stéphanie, elles sont six parties civiles. L'une d'elles a été contaminée et les autres restent très marquées par la frayeur qu'elles ont vécue. L'une d'entre elles a ainsi passé plus de 250 tests sanguins en deux ans, de peur que la maladie se déclare tardivement.