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Une enquête de M6 a révélé que des dîners mondains étaient organisés à Paris malgré la fermeture des restaurants, Covid-19 oblige. Plusieurs membres du gouvernement, interrogés sur la présence supposée de ministres à ces repas, selon les termes d'un "collectionneur renommé", ont réaffirmé leur devoir d'exemplarité pendant la crise sanitaire. Une enquête a été ouverte.

La polémique est née d'une séquence de deux minutes, filmée en caméra cachée. Dans celle-ci, diffusée sur M6 et abondamment relayée sur les réseaux sociaux depuis vendredi soir, on peut voir le personnel d'un restaurant huppé des "beaux quartiers" de Paris s'activer, comme lors d'un service "classique" en dépit de la fermeture des restaurants depuis octobre dernier et la seconde vague du Covid-19. Une ouverture clandestine, comme y ont recouru d'autres établissements depuis le début de l'épidémie, ainsi que l'avait observé Europe 1. Ce sont pourtant les propos d'un "collectionneur renommé" qui vont pousser bon nombre d'internautes à s'indigner.

L'organisateur d'un repas illégal y déclare "avoir dîné cette semaine dans deux ou trois restaurants, qui sont justement des établissements soi-disant clandestins avec un certain nombre de ministres, alors ça [le] fait doucement rigoler". Sans préciser son propos, l'homme ajoute qu'"on est encore en démocratie, on fait ce qu'on veut", alors que la pression hospitalière ne faibli pas en France, avec plus de 5.250 personnes en réanimation.

Les ministres "enfermés", rappelle Schiappa

Dimanche matin, interrogée dans le Grand Rendez-vous d'Europe 1 sur ces images et ces déclarations mettant en cause des ministres, Marlène Schiappa a d'abord insisté sur la transmission, selon elle nécessaire, de ces informations aux autorités. "Il faut que toutes ces informations soient transmises aux forces de l'ordre pour qu'on puisse les faire fermer", a-t-elle appuyé, assurant que ces dernières étaient "à pied d'œuvre" pour le faire.

La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté a aussi indiqué qu'elle n'avait "absolument pas" participé à ces fêtes clandestines. "On est 'enfermés', on est entre les ministères", a-t-elle souligné, avant de rappeler l'égalité des citoyens devant la loi. "Si des ministres ou des députés ont enfreint des règles, il faut qu'ils aient des amendes et qu'ils soient pénalisés comme n'importe quel citoyen."

En réponse à des internautes qui demandaient le départ immédiat de ces ministres en cas d'infraction, le compte Twitter de la ministre a répondu que cette démission "allait de soi".

Le mot-dièse #OnVeutLesNoms très partagé

Un propos similaire à celui de son collègue de Bercy, Bruno Le Maire, pour qui "il n’y a de passe-droits pour personne" pendant cette crise sanitaire. Personnellement "convaincu" qu'aucun membre du gouvernement ne s'est rendu dans l'un de ces établissements, le ministre de l'Économie s'est dit "curieux que ce restaurateur donne le nom des ministres" qui seraient coupables d'avoir participé à ces agapes, comme il l'a affirmé sur LCI et RTL.

Dimanche après-midi, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué qu'il avait demandé au préfet de police de "vérifier l’exactitude des faits rapportés afin, s’ils sont vérifiés, de poursuivre les organisateurs et les participants" de ces événements. 

La préfecture de police de Paris a ensuite indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête pour vérifier ces affirmations. Une volonté de transparence qui se retrouve aussi sur internet, avec un mot-dièse #OnVeutLesNoms très partagé sur Twitter. De nombreux utilisateurs du réseau social réclament par ailleurs la démission des ministres incriminés, si la présence de ceux-ci dans les restaurants clandestins était effectivement établie.

En fin de soirée, l'avocat de Pierre-Jean Chalençon, propriétaire du "Palais Vivienne", où se sont prétendument déroulés ces repas, a par ailleurs assuré dimanche soir que son client faisait seulement de l'"humour" quand il avait assuré que des ministres participaient à de tels repas.