Ce vendredi, Emmanuel Macron doit présenter sa stratégie contre les "séparatismes". 1:37
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Jean-Rémi Baudot, édité par Ugo Pascolo , modifié à
À quelques jours du discours d'Emmanuel Macron sur les séparatismes, Europe 1 a pu consulter un document sur lequel travaille le gouvernement, et qui recense des cas concrets qui témoignent de la réalité du phénomène, mais aussi de la difficulté pour les forces de l'ordre à y faire face. 

Ce vendredi, le président Emmanuel Macron doit présenter sa stratégie contre les "séparatismes", notamment l'islamisme radical, avant la présentation d'un projet de loi à l'automne. Un dossier porté au rang des priorités de la fin du quinquennat pour lequel le gouvernement se prépare activement à poser les termes du débat. Notamment avec un document, qu'a pu consulter Europe 1, faisant état du phénomène sur le territoire en s'appuyant sur des cas concrets. Des cas qui montrent la difficulté des forces de l'ordre pour faire face à ces situations sur le terrain, parce qu'elles ne disposent pas d'un arsenal judiciaire suffisant.

Les autorités sont ainsi parfois contraintes de prendre des sanctions "à la Al Capone", en procédant à des fermetures administratives pour d'autres raisons que la radicalisation islamiste. 

"Risque d'incitation à la haine" dans une école confessionnelle clandestine

Dans les exemples abordés, on trouve ainsi le cas d'une école confessionnelle clandestine à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Lors d'un contrôle, l'établissement a été fermé pour des infractions aux codes de la Santé, de la protection des mineurs et de la construction.

Mais le document précise qu'un livre interdit de publicité par le ministère de l'Intérieur en 2019 pour des "risques d'incitation à la haine ou à la discrimination envers les personnes ne pratiquant pas l'islam wahhabite [promu par l'ouvrage]", a été retrouvé dans une classe de moyenne section, sur une petite table, accessible à tous les enfants.

Une librairie islamiste obligée de fermer pour vente illégale... de viagra

Autre exemple témoignant de la difficulté des forces de l'ordre d'apporter une réponse adaptée faute de législation, celui de deux librairies islamistes implantées à Roubaix et Tourcoing. Ces établissements ont été fermés pour six semaines après plusieurs infractions de "travail illégal, exercice illégal de la profession de pharmacie, tromperie, falsification et contrefaçons". D'après les précisions du quotidien régional La Voix du Nord, c'est à cause d'une vente illégale de viagra que la librairie de Roubaix a été obligée de fermer.

"On parle bien de la lutte contre l'islam politique"

Quelques pages plus loin, le document évoque un domicile transformé en mosquée clandestine fermée pour des raisons de sécurité et "l'absence de toute déclaration au titre du code de la construction et de l'habitation"; ou encore ces 10 entreprises de Lunel qui présentaient dans leur réseau de connaissances 21 individus suivis au titre de la radicalisation.

Chacun de la dizaine de cas concrets égrenés dans ce document témoigne de la même difficulté pour les forces de l'ordre d'intervenir contre ces différents lieux. Du côté de la place Beauvau, on affirme qu'il est important d’illustrer la réalité du problème. Et pour cause, au ministère de l'Intérieur, beaucoup attendent le projet de loi contre les séparatismes pour être en capacité de lutter plus frontalement contre le phénomène. "Pour une fois on ne se cache pas, on parle bien de la lutte contre l'islam politique", confie un conseiller au micro d'Europe 1.

Mais à l'Élysée, on reconnaît que le sujet reste délicat. Un conseiller du président pointe ainsi l'enjeu d'éviter "les surenchères et les postures" sur ce sujet. Malgré tout, l'entourage d'Emmanuel Macron promet des "réponses concrètes" vendredi, lors du discours très attendu du chef de l'État.