La Véranda

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Rarement un terme immobilier aura recouvert autant de définitions voire de significations !

Rarement un terme immobilier aura recouvert autant de définitions voire de significations !

 

 

 

 

 

 

 

 

Car, dans son acception populaire, la véranda décrit aussi bien le vestibule vitré d’un pavillon, un balcon ou une terrasse fermés, une pièce adossée au salon et débordant dans le jardin, un portique à colonnades, une galerie, une pergola, une loggia, un porche, que sais-je encore ?

 

 

Malheureusement, il s’avère impossible d’établir une étymologie précise et surtout incontestable du vocable « véranda » même si Emile Littré lui conférait dès le XIXe siècle une origine sanscrite. Malheureusement, ce qui contredit notre grand lexicographe, il semble que le mot portugais « varanda » en constitue la plus juste source même si l’on sait que les Portugais ont mené, dans leur histoire, de longues incursions en Inde avec, notamment, Albuquerque, Magellan, ou Vasco de Gama.

 

 

Ne racontait-on pas, jusqu’à récemment encore, que l’histoire de l’Asie commençait à la découverte des Indes par les Portugais ?

 

 

 

 

 

De l’ordre en toute chose.

 

Sans vouloir abuser de la patience du lecteur, il semble bon de rappeler quelques définitions précises des différents lieux que le commun des mortels tend à regrouper sous l’appellation « véranda ». Ainsi un portique est-il une simple galerie à colonnades ou à piliers, ouverte de surcroît, ce qui l’exclut de notre champ d’investigations puisque le principe même de notre véranda, c’est d’être fermée !

 

 

 

Même si l’affaire se complique quand on sait qu’on atteste dès le XVIIIe siècle la définition suivante de la véranda : « Galerie couverte établie sur la façade d’une maison ». Un sens que conserveront nos amis anglo-saxons pour désigner une terrasse couverte, donc, mais non fermée, sorte de grand porche à l’image de la « sun room » des Australiens.

 

 

Passons rapidement sur les balcons, terrasses qui ne sont que des plate-formes couvertes, et autres bow-windows généralement en étage, et sur la loggia qui se distingue par le fait qu’elle est en retrait de la façade et non en saillie.

 

 

Pour simplifier, une véranda ne serait-elle pas finalement une serre dans laquelle on cultiverait son esprit autour d’un verre ?

 

 

 

 

 

Une serre domestiquée.

 

 

Une serre, à l’origine, est un endroit fermé où l’on garde quelque chose, où l’on retient quelqu’un puisque, en moyen français, elle est synonyme de « prison ». Et je ne vous ferai pas l’injure de rappeler ses dérivés toujours actuels tels que « enserrer » ou « serrure »…

 

 

Si, jusqu’aux grandes découvertes de la Terra Incognita, on ne cultivait que les plantes adaptées au climat local, il en alla tout autrement quand les explorateurs rapportèrent des Indes ou des Amériques des plantations exotiques. Il n’en fallait pas davantage pour que nos grands bourgeois se fassent construire des abris de jardin propices à l’épanouissement de ces plantes du bout du monde.

 

 

D’abord simples caisses de bois que l’on disposait tout autour des arbustes à choyer, ces abris s’agrandirent pour devenir ce qu’on appellera les maisons de bigaradier (la bigarade, connue depuis les Croisades, est une sorte d’orange amère), puis les orangeries dont les fruits étaient devenus objets de luxe et de convoitise.

 

 

Mais quand on voulut conserver, durant l’hiver, des plants locaux, on s’aperçut rapidement que les caractéristiques tropicales de l’orangerie ne convenaient guère et vint l’idée de créer des serres qui permettraient de mettre à l’abri les plantes délicates du jardin.

 

 

Ainsi, peu à peu, au fil des siècles, la serre allait-elle démocratiser le concept de l’orangerie cher à nos princes.

 

 

 

 

 

 

 

La véranda à la française.

 

 

Il fallut attendre la fin du XIXe siècle pour que la serre se propage en France, prolongement hivernal et naturel du jardin. Où peu à peu les plantes cédèrent la place à un ameublement rustique dans un premier temps, puis de plus en plus cosy. Une fois encore, le vulgus pecum disposant de trois francs, six sous, cherchait à imiter les fastes architecturaux bourgeois.

 

 

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on commença réellement à parler de véranda (les seules attestations précédentes relevant de récits de voyages en Indes) même si, dans Modeste Mignon, Balzac précise : « Le toit s’avance sur plusieurs pieds. Une jolie galerie découpée règne au premier étage, et une véranda projette sa cage de verre au milieu de la façade.

 

 

Le rez-de-chaussée se compose d’un joli salon […] » ; une description qui correspond davantage à une bow-window qu’à une véranda mais bon, l’esprit y est… Au XXe siècle la serre se domestique, se rapproche de la maison (exiguïté des terrains bâtis oblige !) et, d’un bâtiment du jardin qui lorgne vers la maison, elle devient excroissance de la maison tournée vers le jardin ; sorte de suite bucolique, écologique et… vitrée de la salle de séjour.

 

 

 

 

 

 

 

A l’abri de sa véranda.

 

Alors, un méchant abri de jardin, quelque peu vitré, peut-il légitimement faire office de véranda ? Hum, l’abus de langage n’échapperait à quiconque d’autant que ces dernières années, les fabricants et autres constructeurs ont rivalisé de prouesses techniques pour offrir aux plus modestes des modèles architecturaux aussi confortables qu’esthétiques.

 

 

Meublées avec davantage de sobriété qu’un salon ou une salle de séjour, ces vérandas se veulent pièces conviviales où seules quelques plantes vertes, disséminées ici ou là, rappellent l’origine même du lieu.