Dispositif biométrique, contrôles... Comment sont repérés les «faux retraités» basés à l'étranger
L’Assurance retraite veut renforcer la lutte contre la fraude aux pensions de retraite qui continuent d’être versées à l’étranger alors que le bénéficiaire est décédé. L'organisme, qui privilégie des contrôles à l'échelle locale, espère en réaliser 100.000 d'ici à l'année 2027.
La France compte 1,3 millions de retraités qui vivent à l’étranger et continuent à percevoir leurs droits. Avec 33.500 pensionnés, l’Algérie est le pays qui compte le plus de pensionnés du régime général, devant le Portugal et l’Espagne.
Dans le système tricolore, les pensions sont versées jusqu’au décès du bénéficiaire. Or, l'événement n’est pas toujours déclaré par les héritiers, particulièrement dans les pays extra-européens. Certains continuent donc à percevoir frauduleusement la pension du défunt. Un phénomène contre lequel l’Assurance retraite veut sévir.
Des certificats de complaisance
L'Assurance retraite a contrôlé un peu plus de 1.500 pensionnés âgés de 88 ans et plus en Algérie. Résultat, 10% d’entre eux étaient décédés, mais leurs enfants ou des proches percevaient toujours la pension. Les retraités extra-européens ont pourtant l’obligation de fournir chaque année un certificat de vie, tamponné par les autorités locales.
Mais les certificats de complaisance sont fréquents. En 2020 déjà, la Cour des comptes recensait de très nombreux pensionnés de plus de 115 ans, notamment en Algérie, où l’espérance de vie atteignait à peine 75 ans. D'où l’importance d’une vigilance accrue de l’Assurance retraite.
Une surveillance accrue
Les enquêteurs ont notamment testé un dispositif biométrique permettant à l'assuré de se filmer pour prouver qu’il est en vie. Mais l’Assurance retraite a finalement décidé de déployer une stratégie locale. Des tiers de confiance comme les banques seront chargés de convoquer les pensionnés pour vérifier qu’ils sont bien vivants. L’organisme vise 100.000 contrôles dès 2027.
L’enjeu est de taille : la France verse près de 6 milliards d’euros de pensions à ses retraités de l’étranger, dont l’immense majorité vit en Europe ou au Maghreb. Et les fraudes sont nombreuses : en 2023, l’Assurance retraite estime avoir versé 76 millions d’euros de pensions indues.
