«C'est un peu léger» : à Bordeaux, les vignerons réagissent au plan de sauvetage de la viticulture
Même si certaines vignes de l'Aude ont été épargnées par les incendies, le vin produit pourrait être invendable.
AFP
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© Jc Milhet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La baisse de la consommation et ainsi des ventes de vin se poursuit, aggravée par les aléas climatiques qui affectent les vendanges. En conséquence, les stocks s’accumulent dans les chais des exploitations viticoles françaises. Face à ces difficultés, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annoncé un nouveau plan national d’arrachage des vignes.
"Il faut qu'on produise ce qu'on est capable de vendre", a déclaré la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, au lendemain de l'annonce du plan d'aide du gouvernement pour les viticulteurs. Parmi les mesures, une enveloppe, qui devrait atteindre les 130 millions d’euros, doit permettre d'accompagner financièrement les viticulteurs prêts à détruire définitivement 30.000 hectares. Un volet distillation des vins invendus pourrait, par ailleurs, être financé par la réserve de crise européenne dont les autorités françaises demandent l’activation.
L’objectif est d’obtenir un rééquilibrage du marché, d’adapter l’offre à la demande. Cette mesure d’arrachage nécessaire est plutôt bien accueillie par la filière mais pas forcément suffisant.
"Il faut que cela arrive très vite"
Jean-Samuel Eynard, viticulteur et président de la Chambre d’Agriculture de la Gironde, pointe l'urgence de la situation. "Les 130 millions, c'est un peu léger par rapport à l’enquête FranceAgriMer qui a eu lieu au mois de septembre. Mais on y est quasiment. Par contre, il faut que cela arrive très vite parce que dans un an, la demande sera encore plus importante et il faut arriver à stabiliser les choses à très court terme", explique-t-il. En outre, la mesure n'est pas toujours applicable d’une exploitation à l’autre, selon l’âge notamment des viticulteurs.
4.000 euros pour détruire un hectare de vigne, ce n’est pas toujours si simple explique Guillaume Grandeau, viticulteur à Langon. "C’est bien cette enveloppe car cela va réduire le potentiel de production girondin et national. Derrière, moi personnellement, je ne peux pas me permettre d’arracher. J’ai des emprunts pour rembourser le foncier que j’ai acheté en 2019. Si j’arrache, cela ne me couvrira pas les emprunts. Malheureusement, pour l’instant, on travaille à perte et est-ce que demain, cela va repartir ? On ne sait pas".
Kevin est un jeune viticulteur girondin qui a repris une petite exploitation familiale, il y a deux ans. "Pour le moment, cela ne me concerne pas l’arrachage parce qu'à 30 ans, arracher de la vigne, on fait quoi derrière ? Les céréales, c’est pareil, c’est comme la viticulture, ça ne paye plus, on n’a pas les terres pour, on ne peut pas irriguer… Quoi faire après ? L’arrachage, c’est bien pour les personnes proches de la retraite". Mieux que rien, mais ce plan ne suffira pas estiment beaucoup de viticulteurs, inquiets et qui ne voient pas le bout du tunnel.