Tensions commerciales entre la France et la Chine: Emmanuel Macron tente de rééquilibrer le rapport de force avec Pékin
En pleine montée des déséquilibres commerciaux et des tensions géopolitiques, Emmanuel Macron entame une visite d’État en Chine pour tenter de rééquilibrer les échanges, attirer des investissements et défendre les intérêts des entreprises françaises, alors que Pékin multiplie pressions et enquêtes ciblant les produits hexagonaux.
Emmanuel Macron a entamé ce mercredi 3 décembre sa quatrième visite d'État en Chine sur fond de contentieux croissants avec Pékin, de l'Ukraine aux déséquilibres commerciaux majeurs en faveur du géant asiatique.
Dans la délégation française, de nombreux dirigeants (Airbus, EDF...) et pour certains, des contrats seront signés, mais pour d'autres, ce déplacement est un moyen d'essayer de rééquilibrer le rapport de forces, au moment où le déficit commercial entre les deux pays n'a jamais été aussi élevé.
Une hausse des exportations chinoises
Avec 47 milliards d'euros en 2024, un montant qui a doublé en 10 ans et même triplé en 5 ans au niveau européen, la Chine a inondé la France de produits.
C'est avant tout un sujet de compétitivité explique Anthony Morlet-Lavidalie, économiste chez Rexecode : "La compétitivité chinoise a considérablement augmenté sur les 5 dernières années. Un seul chiffre pour l'illustrer : nos coûts de production par rapport à l'avant Covid-19 ont augmenté dans l'industrie d'environ 30%... Alors qu'en Chine, ils sont restés parfaitement stables".
La Chine compense des "surcapacités" de production par une hausse de ses exportations, ce qui emporte un certain nombre de "risques géopolitiques", de la "fermeture de marchés" à la "récession", a averti un conseiller du président Emmanuel Macron. Dans ce contexte, Paris souhaite que les entreprises chinoises investissent plus en France et partagent les innovations qu'elles maîtrisent dans les "mobilités durables, les batteries ou le photovoltaïque".
La France à l’avant-garde de la guerre commerciale
Et puis la France arrive avec l'étiquette du "taxeur en chef" côté européen, le pays qui a impulsé les droits de douane sur les voitures électriques chinoises par exemple. Et forcément, cela n'aide pas pour attirer les investissements souligne Anthony Morlet-Lavidalie : "La France, de ce point de vue-là, n'est pas bien positionnée. Elle est perçue par Pékin comme plutôt un pays hostile et on voit bien que la Chine investit plutôt dans les pays qui lui sont favorables, on pense à la Hongrie, à la Turquie ou à l'Espagne."
La France se retrouve ainsi dans le viseur de Pékin, avec une série d'enquêtes visant ses exportations (cognac, produits laitiers, viande porcine etc..) et des surtaxes potentielles à la clé. Heureusement, plusieurs entreprises françaises repartiront avec de gros contrats sous le bras, comme les secteurs de l'aéronautique, du luxe et de l'agro-alimentaire.
En revanche, les vins et spiritueux feront tout pour sauver le soldat cognac notamment, puisque la baisse des exportations vers la Chine a provoqué cette année un manque à gagner estimé par la profession à 700 millions d'euros.