Allemagne : 56 milliards qui font du bien

Une erreur de double écriture comptable de la banque Hypo Real Estate est à l'origine de la surévaluation de la dette allemande
Une erreur de double écriture comptable de la banque Hypo Real Estate est à l'origine de la surévaluation de la dette allemande © Reuters
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Jean-Louis Dell'Oro avec agences , modifié à
Une erreur comptable dans une banque nationalisée avait entraîné une surévaluation de la dette.

"Erreur de la banque en votre faveur, recevez 56 milliards d'euros". C'est en quelque sorte ce qu'ont dû se dire la plupart des Allemands vendredi dernier en apprenant dans le Süddeutsche Zeitung que la dette allemande allait être allégée de 55.5 milliards d'euros du fait d'une simple erreur comptable.

Car même lorsqu'il se trompe, le bon élève de la zone euro parvient à réaliser une excellente opération. D'après le quotidien allemand, dont les informations ont été confirmées samedi par le ministère des Finances, l'origine de l'erreur serait due à une "double écriture débitrice" au bilan de Hypo Real Estate (HRE).

Bad bank

Cette banque, spécialisée à l'origine dans les crédits obligataires adossés à des prêts immobiliers, avait été nationalisée en 2009 après la crise. Les actifs pourris de l'établissement avaient alors été réunis dans ce qu'on appelle une "bad bank", une structure de défaisance qui a pour but de liquider le portefeuille de titres douteux d'une banque afin d'en assainir le bilan.

Cette "bad bank" aurait mis de côté dans son bilan par deux fois des provisions pour se couvrir contre la dépréciation des actifs qu'elle détient.

Or, elle est placée directement sous le contrôle de l'Etat. Son bilan est donc pris en compte dans le calcul de la dette de l'Etat allemand au sens de Maastricht. La dette teutonne passe ainsi de 83,7 à 81,1% du PIB.  

Vives critiques de l'opposition

L'histoire n'amuse cependant pas tout le monde. Le porte-parole des sociaux-démocrates au Bundestag, Thomas Oppermann (SPD, opposition) a appelé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble à expliquer sans délai "pourquoi il s'est trompé de 55,5 milliards d'euros". "Il ne s'agit pas d'une somme qu'une femme au foyer cache dans une boîte à biscuits et oublie", a-t-il ajouté.

"Un ministère des Finances, dont la comptabilité ne fonctionne apparemment pas, ne devrait pas avoir le droit de toucher au FESF en le gonflant avec des chèques sans provision", a taclé également Ulrich Maurer, député de la gauche radicale Die Linke.

Une enquête est ouverte pour savoir comment une telle bourde a pu passer inaperçue aussi longtemps. Manuela Better, la chef du conseil d'administration de Hypo Real Estate (HRE), et le directeur de la "bad bank" Christian Bluhm vont devoir s'expliquer en personne auprès du ministre allemand des Finances.