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avec AFP / Crédits photo : Antoine Mermet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
91 personnes ont été interpellées au marché de Rungis puis placées en garde à vue. Sur l'autoroute A6, où la circulation est bloqué, les agriculteurs font actuellement face à des camions de CRS. Sur cet axe, la situation paraît, pour l'heure, sous contrôle et aucun débordement n'est à signaler. Suivez notre direct.
L'ESSENTIEL

Le mouvement des agriculteurs en colère continue de bloquer certaines portions d'autoroutes, notamment en Île-de-France. Des dizaines d'exploitants sont même parvenus à rejoindre le marché de Rungis où 91 personnes ont été interpellées puis placées en garde à vue. Une note du renseignement qu'Europe 1 a pu consulter dévoile les craintes du gouvernement face à un mouvement qui pourrait bien durer "au moins cinq jours". Suivez l'évolution de la situation en direct. 

Les informations à retenir : 

  • 15 agriculteurs qui se rendaient à Rungis ont été placés en garde à vue avant d'être libérés dans la soirée
  • Au marché de Rungis, 91 personnes ont été interpellées puis placées en garde à vue 
  • Bruxelles a fait des propositions sur les importations et les jachères
  • Gabriel Attal a reçu mercredi matin à Matignon les représentants de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale
  • Plusieurs centaines de tracteurs sont attendus jeudi à Bruxelles pour une manifestation d'agriculteurs venus de plusieurs pays dans le quartier européen

91 interpellations

Un total de 91 personnes ont été interpellées mercredi après une intrusion d'agriculteurs en colère dans des entrepôts du marché de gros à Rungis, au sud de Paris, a indiqué le préfet de police de Paris Laurent Nuñez. Une "ligne rouge a été franchie" avec cette "tentative d'intrusion" qui a été "rapidement déjouée" par les forces de l'ordre, a ajouté le préfet de police de Paris lors d'une conférence de presse. Au total, 91 personnes ont été interpellées et "vont être placées en garde à vue", a poursuivi Laurent Nuñez.

Un précédent bilan du parquet de Créteil faisait état de 79 personnes en garde à vue "pour dégradation du bien d'autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien". Les manifestants ont pénétré en fin d'après midi dans une "zone de stockage" du marché, a expliqué à l'AFP une source policière. Des personnes "à pied sont entrées brièvement sur une zone de stockage" et y ont "commis des dégradations", a ajouté cette source, avant d'être "sorties des lieux par les forces de l'ordre", a-t-elle ajouté, précisant que plus personne ne se trouvait à l'intérieur du site.

Les 79 personnes interpellées, placées en garde à vue

Selon les informations d'Europe 1, les 79 personnes interpellées à Rungis ont été placées en garde à vue pour "dégradation du bien d'autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien". Par ailleurs, les gardes à vue des 15 agriculteurs prononcées ce mercredi matin, ont été levées en début de soirée après les auditions. 

400 tracteurs de l'Aveyron déployés à Rodez

Près de 400 tracteurs, provenant de tout l'Aveyron, étaient mobilisés mercredi dans le centre de Rodez, où les agriculteurs ont jeté de la paille sur la Maison de ma Région, qui propose aux Ruthénois les services de la région Occitanie. Affichant des pancartes aux slogans : "Fesneau démission", "Alerte Paysans en colère!", des centaines d'agriculteurs ont convergé mercredi à la mi-journée vers le centre de Rodez, suite à un appel de la FDSEA et des JA du département.

"Si on est là aujourd'hui, c'est avant tout pour mettre la pression sur le gouvernement, et on s'en est donné les moyens. Nous voulons des perspectives sur le long terme", a indiqué Michael Garrigues, responsable des Jeunes agriculteurs (JA) Aveyron. Brandissant des panneaux de communes de tout le département, accrochés à l'envers sur leurs tracteurs, les manifestants se sont d'abord rejoints, calmement, dans le centre-ville, où des prises de parole se sont enchainées.

"Aujourd'hui, le compte n'y est pas. Ce qui va nous permettre de vivre et de survivre, c'est nos prix de vente. Il faut que l'on arrête de nous dire 'ce que tu produis, je t'en donne tant'", a notamment dénoncé Laurent Saint-Affre, délégué de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA). Après avoir envahi le centre de Rodez, les agriculteurs ont propulsé de la paille, à l'aide d'une machine agricole, sur la façade du siège local de la région Occitanie, accusée par des membres des JA "d'avoir trop de retard dans les paiements et de se renvoyer toujours la balle avec l'Europe".

100 à 300 tracteurs attendus à Bruxelles pour le sommet de l'UE

Plusieurs centaines de tracteurs sont attendus jeudi à Bruxelles pour une manifestation d'agriculteurs venus de plusieurs pays dans le quartier européen, en marge d'un sommet des dirigeants des Vingt-Sept, a indiqué mercredi un syndicat wallon. "Entre 100 et 300 tracteurs vont converger vers Bruxelles. Ils se dirigeront vers la place du Luxembourg" devant le Parlement européen, a indiqué une porte-parole de la Fédération wallonne de l'agriculture (FWA). Au moins un demi-millier de manifestants devraient être présents, dont des délégations d'agriculteurs français, espagnols et portugais, indique-t-on à la FWA. "Ce sera complètement international", a insisté sa porte-parole.

Le principal syndicat agricole flamand, Boerenbond, est associé à ce rassemblement protestataire qui débutera à partir de dix heures, tout comme d'autres syndicats wallons, tels que la Fuega --en lien avec la coordination agricole alternative internationale Via Campesina. "Des centaines de tracteurs occuperont la place du Luxembourg et les rues aux alentours et feront entendre leur colère à coups de klaxons" pour "dénoncer les impacts des accords de libre-échange (conclus par l'UE) sur les conditions de vie des agriculteurs", indique Via Campesina dans un communiqué.

Selon ce mouvement, qui défend les petites et moyennes fermes, des représentants de syndicats néerlandais et allemands sont également attendus. Le point du rassemblement se situe à quelques centaines de mètres du périmètre très sécurisé du siège du Conseil européen, où seront réunis les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, pour un sommet consacré à l'Ukraine, mais où la question agricole pourrait s'inviter dans les débats.

Des dizaines de personnes interpellées sur le marché de Rungis

79 personnes ont été interpellées à Rungis en fin d'après-midi. Un total de 79 personnes ont été interpellées mercredi à Rungis après une intrusion d'agriculteurs dans une "zone de stockage" du marché de gros où des "dégradations" ont été commises, a indiqué à l'AFP une source policière. Des personnes "à pied sont entrées brièvement sur une zone de stockage" et y ont "commis des dégradations", a ajouté cette source. Elles ont été "sorties des lieux par les forces de l'ordre", a-t-elle ajouté, précisant que plus personne ne se trouvait désormais à l'intérieur du site.

Selon les informations d'Europe 1, 70 agriculteurs se revendiquant de la Coordination rurales sont arrivés à 16 heures avec un camion porteur de deux tracteurs et de véhicules légers sur le parking du magasin Castorama de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Ils se sont ensuite rendus à pied dans la Zone euro delta, une annexe du marché international de Rungis. Parmi eux, 20 sont repartis sur le parking de l'enseigne de bricolage. Les 50 agriculteurs restants sont restés dans le périmètre de l'annexe du marché, encerclés par les forces de l'ordre, selon une source à Europe 1.

"La Commission a répondu aux demandes de la France", avance l'Élysée

Selon l'Élysée, "la Commission (européenne) a répondu aux demandes de la France, qui avaient été largement soutenues par d'autres États membres également", en parallèle du déplacement d'Emmanuel Macron à Bruxelles. "Les deux sujets importants sur lesquels l’Europe est le bon niveau pour agir ont été réglés rapidement en réponse à nos demandes", ajoute la présidence.

Sur la question des jachères, "cela répond concrètement à la demande de flexibilité que nous avions formulée dans une période de besoin important d'utilisation des surfaces agricoles pour produire", avance le Palais de l'Élysée. "Nous gardons l’objectif politique de soutien à l'Ukraine et en même temps nous protégeons les agriculteurs européens sur des secteurs sensibles. Demain (jeudi) à Bruxelles, la discussion avec la présidente de la Commission (Ursula von der Leyen) portera sur la situation des agriculteurs en Europe et en France, sur le temps court, mais également sur le temps long", détaille la présidence.

Les transporteurs dénoncent des "blocages inacceptables"

Déjà en crise, et bloqués par les agriculteurs depuis plusieurs jours, les transporteurs ont demandé mercredi des "mesures de soutien à très court terme" pour des entreprises "exsangues". "Nos entreprises subissent des blocages inacceptables de leur activité, tant sur les axes routiers que sur les sites logistiques et autour des places portuaires et aéroportuaires", a décrit dans un communiqué l'Union des entreprises de transport et de logistique de France (Union TLF). L'organisation alerte sur "les conséquences dramatiques de cette situation qui n'a que trop duré".

Les blocages des agriculteurs en colère ont mis à l'arrêt des milliers de camions en France, et provoqué de nombreux retards et frais supplémentaires chez les transporteurs. Plusieurs camions étrangers ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi sur la nationale 7 près de Montélimar (Drôme), bloquée par les tracteurs. Des manifestants en ont fait autant pour les autoroutes et également vidé des camions transportant des produits étrangers.

"Nous reconnaissons l'importance des revendications des agriculteurs qui sont, eux aussi, essentiels pour notre pays. Toutefois, nous exigeons la liberté effective de circulation des transporteurs et la sécurité des personnes et des biens dans les meilleurs délais", soulignent le représentant des transporteurs.

Le profil des premiers agriculteurs placés en garde à vue

Quentin, Martin ou Noémie… Ils sont 15 agriculteurs en garde à vue depuis le milieu de matinée pour entrave à la liberté de circulation. Ils sont interrogés au commissariat de L'Haÿ-les-Roses après avoir "franchi la ligne rouge" du périmètre interdit de Rungis, selon la préfecture de police de Paris. Ce sont donc les premiers agriculteurs à avoir été placés en garde à vue depuis le début du mouvement.

Selon les informations d'Europe 1, ils ont entre 16 ans et 38 ans. La majorité d’entre eux a la vingtaine d’années. Des profils assez jeunes qui donnent une indication sur la sociologie des paysans les plus déterminés : sans doute les filles et les fils des exploitants agricoles amenés à reprendre dans quelques années les exploitations familiales.

Gabriel Attal a reçu mercredi matin la Confédération paysanne et la Coordination rurale

Gabriel Attal a reçu mercredi matin à Matignon les représentants de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, et de la Coordination rurale, deuxième syndicat, selon une source au sein de l'exécutif.

Le Premier ministre "poursuit le dialogue" avec les syndicats, il a reçu à 10H la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola, puis à 11H30 la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc'h, après avoir échangé longuement avec le syndicat majoritaire FNSEA lundi soir et mardi soir. "Le reste des annonces va se jouer au niveau européen", a précisé cette source, alors qu'Emmanuel Macron doit participer à un sommet européen jeudi.

Des propositions de Bruxelles sur les importations et les jachères

La Commission européenne a proposé de reconduire à partir de juin l'exemption de droits de douane dont bénéficient les produits agricoles entrant dans l'UE, en l'assortissant de "mesures de sauvegarde" pour limiter les volumes des produits les plus sensibles. Ces "mécanismes renforcés" permettront d'adopter "des mesures correctives rapides" en cas de perturbations importantes sur le marché européen, y compris si elles sont localisées. Pour certains produits - volaille, oeufs et sucre - un "frein d'urgence" est prévu pour "stabiliser" les importations aux volumes moyens importés en 2022 et 2023 -niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés, a indiqué l'exécutif européen.

Par ailleurs, Bruxelles propose également une dérogation "partielle" pour 2024 en ce qui concerne l'obligation de jachères imposées par la Politique agricole commune (PAC). Une dérogation avait déjà été accordée en 2023 pour cette règle imposant de laisser au moins 4% des terres arables en jachères ou surfaces non-productives. Cette obligation serait suspendue pour 2024, à condition que les agriculteurs atteignent 7% de cultures intermédiaires ou fixatrices d'azote, précise l'exécutif européen --un assouplissement réclamé par une majorité des États membres dont la France.

Gérald Darmanin envoie des renforts 

Selon l'entourage de Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur des blindés "Centaure" ont été envoyés dans le Loiret et en Essonne pour renforcer les effectifs et moyens sur place. Ces renforts sont envoyés dans une posture défensive et on les mêmes consignes de modération. Leur objectif est d'empêcher le cortège parti d'Agen de rejoindre Rungis, et de bloquer l'accès au marché international. Invité de France 2 ce mercredi matin, Gérald Darmanin a rappelé ses lignes rouges : le blocage du marché de Rungis, l'entrée dans Paris et le blocage des aéroports. Si ces dernières sont franchies, "nous ne les laisserions pas faire".

Le président de la FNSEA appelle "au calme et à la raison"

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, auditionné au Sénat, a affirmé mercredi qu'il essayait "d'appeler au calme et à la raison" face à la colère des agriculteurs, estimant que beaucoup de "sujets européens" ne se "règlent pas en trois jours".

Alors que des blocages se poursuivent dans toute la France, M. Rousseau a reconnu que "l'attente est énorme" face au "cumul de normes et de règles". Mais "il y a aussi beaucoup de sujets européens qui ne sont pas des sujets qui se règlent en trois jours. Donc j'essaie d'appeler au calme et à la raison", a-t-il expliqué devant la Commission des Affaires économiques de la chambre haute.

Bruno Le Maire promet un renforcement des contrôles pour faire respecter la loi Egalim

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a affirmé au micro de Sonia Mabrouk que 500 contrôles sur les 5 grands distributeurs du pays allaient être lancés pour s'assurer du respect de la loi Egalim. Et de préciser que des sanctions pourront aller "jusqu'à 2% du chiffre d'affaires", une "sanction lourde". Le ministre a également annoncé la mise en place de contrôles spécifiques sur les centrales d'achat européennes. Pour appuyer son propos, Bruno Le Maire a déclaré qu'il avait déjà fait sanctionné le groupe Leclerc à plus de 6 millions d'euros.  

Bruno Le Maire a promis par ailleurs que la France s'engagerait dans un "bras de fer" lors des négociations à Bruxelles pour que l'accord UE-Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) "tel qu'il est aujourd'hui ne soit pas signé". "Cet accord Mercosur, tel qu'il est, il n'est pas bon pour nos éleveurs. Il ne peut pas, ne doit pas être signé en l'état. Il ne sera pas signé en l'état".

Des blindés de la gendarmerie déployés sur l'A6

Les agriculteurs se rapprochent mercredi de Paris et du marché de gros de Rungis, malgré les tentatives de l'exécutif pour dissiper le malaise paysan et convaincre les manifestants de cesser leur mobilisation. Signe de l'avancée des agriculteurs vers la capitale, des blindés de la gendarmerie ont été déployés mardi soir sur l'A6 à quelques kilomètres de Rungis, à hauteur de Chilly-Mazarin (Essonne), où sont positionnés des tracteurs de la FDSEA de Seine-et-Marne, sans incident, selon les forces de l'ordre. Même si sur certains barrages, la situation s'est quelque peu tendue en Ile-de-France.