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Solène Leroux
En 2022, il y a ceux qui ont tout quitté pour changer de métier. Parmi eux, beaucoup de citadins qui ont décidé de devenir boulanger. Une école a été créée pour eux dans les Alpes-de-Haute-Provence. Invité d'"Europe Midi" vendredi, son créateur Thomas Teffri-Chambelland, en a expliqué le concept.
INTERVIEW

Qui n'a jamais rêvé de faire son propre pain ? Si de nombreux Français ont réalisé ce rêve en 2020 à la faveur des confinements, d'autres ont poussé l'envie encore plus loin en abandonnant leur travail afin de devenir boulanger. Thomas Teffri-Chambelland a fondé l’École internationale de boulangerie près de Sisteron, dans les Alpes-de-Haute-Provence, pour devenir boulanger. "On accueille essentiellement des adultes en reconversion qui sont généralement des adultes qui ont entre 30 et 50 ans", détaille-t-il au micro de Thierry Dagiral dans Europe Midi.

"Des gens qui ont des boulots bien reconnus"

"Ils ont souvent un très bon bagage scolaire ou universitaire et des bonnes expériences professionnelles", assure le fondateur, qui explicite un peu plus le profil de ses élèves : "Des professions de type ingénieurs, banquiers, graphistes, donc des gens qui, dans la société classique, ont des boulots relativement bien reconnus." Tous "s'ennuient dans leur travail" mais plus encore, ils "sont en perte de sens". Ils cherchent à la fois "à s'investir dans une économie réelle et à retrouver du plaisir et du sens dans leur travail". Et c'est une tendance générale : celle de retrouver du sens dans ce que l'on fait au quotidien.

Professeur de biologie dans une autre vie

En ce sens, "c'est vrai que le pain est un domaine qui attire beaucoup pour plusieurs raisons", détaille Thomas Teffri-Chambelland. "D'une part, parce que le pain est hautement symbolique en France et d'autre part, parce que ça reste un artisanat qui est viable aujourd'hui."

En effet, si certaines personnes souhaitent changer de vie, elles ne veulent pas pour autant renoncer à leur train de vie habituel. Ces gens "ont souvent aussi des exigences économiques, des familles à faire vivre et qui vivent comme au 21e siècle et non pas comme au 19e", énumère-t-il encore. "Ils ont envie de se réorienter tout en ayant la capacité finalement aussi à vivre de leur travail. Et le pain aujourd'hui permet cette reconversion, quand c'est bien fait."

Et s'il peut l'affirmer, c'est parce que le fondateur de l'École internationale de boulangerie s'est lui-même reconverti il y a une vingtaine d'année. Il a désormais 46 ans, mais dans les premières années de sa carrière, il était professeur de biologie. "J'ai été fonctionnaire à l'Éducation nationale et je l'ai quitté pour suivre finalement ce qui était une passion pour moi : la panification." Depuis, le boulanger "travaille sur ce secteur du pain bio et du pain au levain avec plusieurs entreprises". Et avec succès !