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Les plateformes de revente en ligne, nouvelles vitrines des trafiquants pour écouler des engins pyrotechniques

Jean-Baptiste Marty . 1 min
Vinted
Illustration. © VIRGINIE LEFOUR / BELGA MAG / Belga via AFP

À l’approche des fêtes de fin d'année, les forces de l’ordre font face à des méthodes de trafic toujours plus sophistiquées. Pour contourner l’interdiction de vente d’engins pyrotechniques et échapper aux contrôles, vendeurs et acheteurs exploitent désormais des plateformes de vente en ligne grand public, en toute discrétion.

À Strasbourg, Mulhouse ou encore en région parisienne, la nuit de la Saint-Sylvestre rime chaque année avec affrontements entre forces de l’ordre et délinquants. En cause notamment : l’utilisation d’engins pyrotechniques, strictement interdits à la vente en France. Un matériel pourtant acheté bien en amont, via des circuits clandestins de plus en plus difficiles à détecter.

Algorithmes de sécurité contournés

Selon les informations d’Europe 1, certains trafiquants ont mis en place une organisation bien rodée. Tout commence sur les réseaux sociaux, notamment Snapchat ou Telegram, où les vendeurs se font connaître et repèrent leurs clients. Une fois le contact établi, la transaction bascule vers des plateformes de vente en ligne entre particuliers, afin de lui donner l’apparence d’un échange légal.
 
Sur ces sites, les vendeurs disposent de vitrines en apparence anodines. T-shirts, sweats, casquettes ou bonnets y sont proposés à la vente. Rien de suspect à première vue. Mais en y regardant de plus près, les articles arborent un logo intrigant : un mortier d’artifice, une chandelle explosive ou encore un pétard. Des symboles qui servent en réalité de codes.
 
Ces visuels, souvent générés grâce à l’intelligence artificielle, permettent de contourner les systèmes de modération des plateformes. Acheter trois bonnets siglés d’un mortier revient ainsi à commander trois engins pyrotechniques. Un subterfuge efficace. "Il est évident que Vinted ne laisse pas passer des photos de mortiers ou d’engins pyrotechniques. Les plateformes disposent d’algorithmes pour les bloquer. Mais à l’aide de codes, dans les descriptions ou via les logos apposés sur les produits, les vendeurs parviennent à détourner les règles", détaille Alexandre Agasse, enquêteur spécialisé dans la criminalité organisée et délégué départemental du syndicat Alliance à Paris.

Anonymat garanti

Au-delà du camouflage visuel, ces plateformes offrent un autre avantage majeur : l’anonymat. "Un simple numéro de téléphone ou une adresse mail suffit pour créer un compte. Le paiement s’effectue ensuite en ligne et la livraison se fait en point relais, sans contact direct entre vendeur et acheteur", poursuit Alexandre Agasse.
 
Le client récupère alors la marchandise à l’aide d’un simple QR code, sans avoir à présenter de pièce d’identité. Le vendeur, de son côté, n’a pas besoin de se déplacer. Un système discret, efficace, et difficile à tracer. Un détournement préoccupant pour les forces de l’ordre, qui redoutent que ces plateformes, conçues pour l’économie collaborative, ne deviennent demain de nouveaux canaux privilégiés pour d’autres trafics, notamment ceux liés aux stupéfiants.