Le projet de loi pour la moralisation dans la vie politique très largement voté à l'Assemblée

La loi de moralisation de la vie publique a été très largement votée par la majorité et les Constructifs
La loi de moralisation de la vie publique a été très largement votée par la majorité et les Constructifs © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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avec AFP
Les députés ont voté le projet de loi ordinaire visant à restaurer "la confiance" par 319 voix contre quatre après près de 50 heures de débat, parfois houleux. 

L'Assemblée nationale a très largement voté en première lecture, dans la nuit de vendredi à samedi, les emblématiques projets de loi de moralisation de la vie politique, au terme d'une semaine de débats, parfois dans la tension.

Une très large majorité. Après quasiment 50 heures de débat et l'examen de plus de 800 amendements, les députés ont adopté le projet de loi ordinaire visant à restaurer "la confiance" par 319 voix contre quatre, avant le projet organique, avec 203 voix contre 37. Les députés REM et MoDem, alliés dans la majorité présidentielle, ont massivement voté "pour", les Constructifs aussi (24 pour, deux abstentions), et les socialistes de Nouvelle Gauche (16 "pour").

Chez LR, les élus se sont divisés (36 "pour", 11 abstention, quatre "contre" dont Christian Jacob). Insoumis et communistes se sont abstenus, mais aussi les FN et Nicolas Dupont-Aignan.

Une promesse de campagne. Traduction d'une promesse phare du candidat Macron après une année électorale marquée par les affaires, ces deux textes ont déjà été largement adoptés au Sénat. Préparées par l'ex-garde des Sceaux François Bayrou, contraint de quitter le gouvernement par l'affaire des collaborateurs d'eurodéputés MoDem, la panoplie des mesures est vaste, de l'interdiction de l'emploi de collaborateurs de sa famille à la suppression de l'enveloppe pour frais de mandat (IRFM), en passant par la prévention des conflits d'intérêts et le financement de la vie politique.

Une "étape cruciale du renouveau démocratique". Après l'annonce des résultats du scrutin, accueillie par des applaudissements dans l'hémicycle, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a salué "un grand acte de confiance sur lequel le gouvernement pourra s'appuyer". Au nom du groupe REM, Paula Forteza, qui a affirmé que "malgré de nombreuses tentatives de déstabilisation, nos objectifs ont été atteints", a vanté une "étape cruciale du renouveau démocratique".

De "bons textes" pour le MoDem. Pour le MoDem, Laurence Vichnievsky, qui a rendu hommage à leur "inspirateur et premier rédacteur" François Bayrou et salué "rigueur, élégance et patience" de Nicole Belloubet, a vanté de "bons textes" contre des "dérives" mais "pas parfaits ni exhaustifs", d'autant qu'il "faudra du temps" pour restaurer la confiance. Elle a évoqué "quelques regrets", dont le refus de l'exécutif d'ouvrir partiellement le "verrou de Bercy".

Quelques regrets pour Les Républicains. Le LR Philippe Gosselin a réaffirmé que ces projets de loi n'étaient "pas l'alpha et l'oméga" et regretté qu'ils "stigmatisent une grande partie des parlementaires" en épargnant l'exécutif, "coupent les ailes" avec la fin de la réserve parlementaire, ne soient pas élargis à des sujets comme le pantouflage public-privé. Et "deux engagements forts du président ont été trahis", a-t-il lancé, notamment sur l'obligation, abandonnée, de casier judiciaire vierge.

Un "vrai sentiment d'inachevé" pour les Constructifs. Pour les Constructifs, Michel Zumkeller a exprimé un "vrai sentiment d'inachevé", vu "de bonnes mesures, mais des lois d'ajustement de circonstances". "Rendez-vous manqué" pour la socialiste Cécile Untermaier, qui a pointé aussi un "décalage avec les promesses de campagne", des "reculs" et "un débat chaotique".

"On ne s'intéresse pas au poids de l'argent". S'il a reconnu l'existence de "turpitudes de quelques parlementaires", Jean-Luc Mélenchon a souligné qu'en résumant à cet aspect "la crise politique, on ne s'intéresse pas au poids de l'argent". Resté sur "sa faim", le communiste Fabien Roussel a aussi douté que les Français retrouvent confiance "si les injustices et inégalités perdurent".