Des mesures d'«intimidation» et de «coercition» : Emmanuel Macron dénonce les restrictions américaines contre cinq Européens
Les interdictions de séjour prononcées par les Etats-Unis contre cinq personnalités européennes engagées pour la régulation de la tech, dont le Français Thierry Breton, "relèvent de l'intimidation et de la coercition à l'encontre de la souveraineté numérique européenne", dénonce ce mercredi le président de la République, Emmanuel Macron.
Les interdictions de séjour prononcées par les États-Unis contre cinq personnalités européennes engagées pour la régulation de la tech, dont le Français Thierry Breton, "relèvent de l'intimidation et de la coercition à l'encontre de la souveraineté numérique européenne", a estimé mercredi le président français Emmanuel Macron.
"La France dénonce les décisions de restriction de visa prises par les États-Unis à l'encontre de Thierry Breton et de quatre autres personnalités européennes", a-t-il écrit dans un message posté sur X, affirmant que les Européens continueraient à défendre leur "souveraineté numérique" et leur "autonomie réglementaire".
"Nous ne sommes pas une colonie des États-Unis !"
L'administration Trump a annoncé mardi des sanctions, sous la forme d'une interdiction de séjour aux États-Unis, contre cinq personnalités européennes engagées pour une stricte régulation de la tech et contre la désinformation en ligne, dont Thierry Breton qui a lui-même dénoncé un "vent de maccarthysme".
Commissaire au Marché intérieur de 2019 à 2024, le Français avait été l'artisan de la directive européenne sur les services numériques (DSA) qui impose aux plateformes des régulations, comme le signalement de contenus problématiques, jugées par les Etats-Unis comme une atteinte à la liberté d'expression.
Ce cadre européen, qui "a été adopté démocratiquement", "s'inscrit strictement dans le champ de compétence européen et ne vise aucun pays tiers", a rappelé le ministre de l'Économie, Roland Lescure, sur le réseau Bluesky, concurrent de X.
Plusieurs eurodéputés français sont également montés au créneau. "Nous ne sommes pas une colonie des États-Unis! Nous sommes Européens, nous devons défendre nos lois, nos principes, nos intérêts", a tempêté le social-démocrate Raphaël Glucksmann sur X. Pour Nathalie Loiseau (Horizons), "ne nous y trompons pas : derrière cette mesure, c'est la souveraineté des Européens à décider de leurs lois et à les faire appliquer qui est attaquée".
Le Rassemblement national divisé
Du côté du Rassemblement national, les avis étaient partagés. "L'administration Trump non seulement se trompe sur le fond, mais se trompe sur l'image qu'elle renvoie des États-Unis au monde entier", a ainsi critiqué son vice-président, Sébastien Chenu, sur RTL.
Mais deux eurodéputées RN ont montré de la compréhension vis-à-vis de la décision américaine. "Thierry Breton avait menacé (en 2024) le propriétaire du réseau social de (faire) respecter les règlementations de l'UE. Un visa enlevé un an et demi après, ils ont fait preuve de beaucoup de patience !", a jugé ainsi Virginie Joron en référence aux différends entre Elon Musk et l'UE.
Les Etats-Unis "ne se sacrifieront pas pour un continent sans libertés où l'on annule même des élections", en référence à la présidentielle roumaine, a renchéri Catherine Griset.