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«Nous avons toujours mis une limite en France» : Paris dénonce une initiative hostile après l’adoption par l’Algérie d’une loi criminalisant la colonisation française

Wilfried Devillers - Mis à jour le . 2 min
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Cette crise mémorielle intervient dans un contexte déjà tendu entre les deux pays. AFP / © Daniel Pier / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Le Parlement algérien a adopté une loi criminalisant la colonisation française et exigeant de Paris des excuses et des réparations, une initiative vivement dénoncée par la France comme hostile à la reprise du dialogue franco‑algérien et susceptible d’envenimer des relations déjà tendues entre les deux pays.

Paris dénonce une initiative hostile à la reprise du dialogue franco-algérien après l’adoption par l’Algérie d’une loi criminalisant la colonisation française et réclamant des excuses officielles ainsi que des indemnisations pour les crimes commis durant la période coloniale entre 1830 et 1962. 

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Cette loi adoptée à l’unanimité par le Parlement algérien qualifie la colonisation française de "crime d’État" et liste des faits comme les essais nucléaires, les exécutions extrajudiciaires, la torture physique et psychologique ainsi que le pillage des richesses. 

La réaction française a été mesurée mais ferme. Le ministère des Affaires étrangères a qualifié cette initiative de manifestement hostile à la volonté de reprise du dialogue franco-algérien et à un travail serein sur les enjeux mémoriels tout en indiquant que Paris ne commenterait pas la politique intérieure algérienne et entend poursuivre un dialogue exigeant sur des priorités comme les questions sécuritaires et migratoires.

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Une limite nécessaire

Tout cela intervient dans un contexte déjà tendu entre les deux pays depuis l’été 2024 lorsque les relations ont commencé à se dégrader notamment après que la France a reconnu un plan d’autonomie pour le Sahara occidental sous souveraineté marocaine décision jugée inacceptable par Alger. 

"Nous avons toujours mis une limite en France en disant la reconnaissance des méfaits de la colonisation d'accord, mais la repentance non. Donc on ne va pas entrer dans ce débat sur les excuses", a poursuivi Xavier Driencourt. Paris a multiplié depuis plusieurs années "des gestes mémoriels" qui ont cependant toujours été encadrés pour éviter de franchir la ligne de la repentance officielle. 

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Selon des diplomates comme Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie "ce sont surtout les présidents François Hollande puis Emmanuel Macron qui ont engagé une série de gestes mémoriels" impliquant notamment la réhabilitation de figures historiques ou la reconnaissance de certaines responsabilités françaises tout en maintenant une limite claire entre la reconnaissance des méfaits et la repentance officielle. Ce positionnement français a été répété à plusieurs reprises et demeure un point de désaccord avec Alger qui exige des excuses formelles et des réparations.

Cette nouvelle loi algérienne réclamant des excuses et des indemnisations ainsi que la réaction française soulignent à quel point le travail de mémoire entre Paris et Alger est un enjeu politique majeur qui risque de peser durablement sur la relation bilatérale alors que les deux pays tentent de trouver des terrains d’entente sur des enjeux contemporains comme la sécurité la migration et la coopération économique La question des mémoires du passé continue de diviser et de transformer les relations franco-algériennes en profondeur.