Assemblée nationale : entre la Nupes et la majorité, l'élection des postes clés tourne au vinaigre

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L'élection à des postes clés à l'Assemblée nationale a tourné au vinaigre mercredi © Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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avec AFP
L'élection à des postes clés à l'Assemblée nationale a tourné au vinaigre mercredi entre la gauche et la majorité. Il a fallu six heures jusqu'en soirée pour élire les six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires du Palais Bourbon, dans une répartition fonction du poids des groupes politiques.

"Sordides combines" avec le RN pour les uns, respect de "toutes les sensibilités" pour les autres : l'élection à des postes clés à l'Assemblée nationale a tourné au vinaigre mercredi entre la gauche et la majorité. Il a fallu six heures jusqu'en soirée pour élire les six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires du Palais Bourbon, dans une répartition fonction du poids des groupes politiques.

22 députés constituent le bureau de l'institution

Il s'agit pour les vice-présidents de Valérie Rabault (PS), Elodie Jacquier-Laforge (MoDem), Naïma Moutchou (Horizons), Caroline Fiat (LFI), Sébastien Chenu (RN) et Hélène Laporte (RN). Et pour les questeurs de Marie Guévenoux et Éric Woerth (LREM) et Éric Ciotti (LR). Avec la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (LREM), ces 22 députés constituent le bureau de l'institution, sorte de conseil d'administration.

Or le choix de ce bureau, qui aurait pu être une simple formalité, a donné lieu à une série de passes d'armes, comme un avant-goût des joutes à venir dans une Assemblée sans majorité absolue.

Quatennens a dénoncé une "alliance de facto"

La cheffe de file des députés LREM Aurore Bergé a défendu l'importance que "toutes les sensibilités" puissent être représentées au bureau. Cela est "conforme aux choix démocratiques des Français" aux législatives, estime également le patron des députés MoDem Jean-Paul Mattei, dans un communiqué commun de la majorité.

 

Mais cela a impliqué que les membres de la majorité votent pour des candidats d'extrême droite, lors des scrutins à bulletins secrets. "LREM a appelé à voter pour le Front national. Les masques tombent", a dénoncé Julien Bayou, coprésident du groupe écologiste. "Honte de voir des collègues qui se prétendent républicains glisser un bulletin RN dans l'urne", a lancé le socialiste Arthur Delaporte.

Adrien Quatennens (LFI) a dénoncé une "alliance de facto" et "un accord entre le RN, LREM et LR pour exclure la Nupes". Le président des députés LR Olivier Marleix tance ces élus de gauche. "M. Bayou voudrait quasiment que certains représentants (les RN) n'aient pas le droit de siéger dans l'hémicycle. Ce n'est pas ma conception de la démocratie". Pour sa part, Marine Le Pen, présidente du groupe RN, a dénoncé "une mauvaise foi infinie" de "l'extrême gauche", qui "ne souhaitait pas que l'ensemble des forces politiques soient représentées à leur juste mesure".

La Nupes crie au complot

Juste avant la séance, l'alliance de gauche Nupes avait brisé un projet d'accord trouvé dans la matinée, qui prévoyait notamment deux vice-présidences au RN et un poste de questeur à Éric Ciotti. "Tambouille", "déni de démocratie" : avec d'autres, Mathilde Panot (LFI) avait dénoncé ce projet d'accord qui marginalisait selon eux la gauche au profit de l'extrême droite.

 

Après un psychodrame en 2017 sur le questeur d'opposition, la majorité a revu les règles, établissant un système par points en fonction du poste à pourvoir. À l'épreuve pour la première fois, les nouvelles règles se sont appliquées difficilement. "C'est la désorganisation la plus complète", soupirait Bertrand Pancher, co-président du groupe indépendant LIOT.

"Il est temps que ça se termine", entendait-on dans les couloirs peu avant les résultats d'un second tour pour l'attribution des deux derniers postes de secrétaires.

"On ne comprend pas trop"

À ces difficultés entre majorité et oppositions se sont ajoutés des embrouillaminis au sein de la Nupes : "les Verts ont annoncé deux candidats sans prévenir les autres dans la Nupes. On ne comprend pas trop", confesse un socialiste. Les candidatures des écologistes Sandrine Rousseau et Benjamin Lucas à la vice-présidence de l'Assemblée ont été annoncées in extremis, "pour faire barrage à l'extrême droite". Les deux candidats écolos n'ont finalement récolté qu'une trentaine de suffrages, insuffisants.

Chez LR, Annie Genevard a regretté de n'avoir pu candidater, et estimé que "l'arithmétique a bon dos" et que "la majorité est seule face à la Nupes et au RN", puisque LR n'a obtenu qu'un poste de questeur avec Eric Ciotti.

Les six vice-présidents de l'Assemblée assurent à tour de rôle, avec le titulaire du Perchoir, la présidence des séances. Les trois questeurs, traditionnellement deux de la majorité et un de l'opposition tiennent les cordons de la bourse de l'institution.