La dernière équipe de l'usine de Bridgeston de Béthune a quitté les lieux ce vendredi. 1:29
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Maximilien Carlier, édité par Jonathan Grelier avec AFP
A Béthune, dans le Pas-de-Calais, les salariés de l'usine de pneumatiques Bridgestone ont quitté les lieux pour la dernière fois ce vendredi. "Ça fait mal, j'ai passé presque 30 ans dans cette boîte. Il n'y a rien d'autre à dire, c'est fini", regrette un salarié au micro d'Europe 1.
REPORTAGE

"Douloureux... Ça fait mal. J'ai passé presque 30 ans dans cette boîte. Il n'y a rien d'autre à dire, c'est fini." Au tourniquet de l'usine Bridgestone de Béthune, dans le Pas-de-Calais, Marc, 56 ans, a les yeux rougis. Autour de lui, les autres salariés du site ont la tête baissée. Et pour cause : cette sortie de leur usine de pneumatique est la dernière. En septembre dernier, le fabricant japonais avait annoncé brutalement la fermeture du site pour le 3 mai. Mais "la dernière équipe" a finalement quitté les lieux ce vendredi, a précisé la direction, alors que l'usine tourne au ralenti depuis des semaines.

"Ça représente ma vie de boulot"

Pour expliquer la fermeture, Bridgestone avait évoqué une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marchés asiatiques à bas coûts, ce qui avait suscité un branle-bas de combat politique. Ici, pas moins de 863 employés travaillaient chaque jour. Désormais, les casiers sont vides. A la sortie, beaucoup d'employés ont leur sac cabas rempli d'habits de travail. "Il y a une casquette de sécurité, un polaire, une veste… Ça représente ma vie de boulot. Une fois que j'aurai digéré et que j'aurai entamé un processus de reconversion, à ce moment-là seulement, je les jetterai", commente un des ouvriers au micro d'Europe 1.

Après le deuil, Damien, 54 ans, va retourner à l'école pour devenir boucher. Sa nouvelle vie commencera en septembre. Comme lui, 500 personnes sont en reconversion ou à la recherche d'un emploi. Sur France Bleu Nord, la ministre de l'industrie, Agnès Pannier-Runacher, avait indiqué dans la matinée que 256 salariés avaient déjà trouvé une solution - CDD, CDI, départ à la retraite anticipée ou projet de création d’entreprises. 

"On continuera à aider les salariés jusqu'au bout"

"Nous, on ne lâchera rien et on continuera à aider les salariés jusqu'au bout", promet Denis Drouet, délégué syndical CFDT, au micro d'Europe 1. "Après, on a quand même obtenu 24 mois de congés de reclassement. C''est un des plus gros PSE (plan de sauvegarde de l'emploi, ndlr) de l'industrie en France."

Reste que ces indemnités de licenciement vont être vite dilapidées pour certains employés. Et elles ne remplaceront pas leur emploi dans leur usine qui était installée depuis 60 ans à Béthune. Acquis par le logisticien nordiste Log's pour un "montant symbolique", le site, qui produisait des pneus de petit calibre, doit être transformé en "pôle industriel", mais le nombre d'emplois qui pourraient y être créés reste à préciser.