Les experts du Haut conseil pour le climat s'inquiètent en particulier de la mauvaise santé des forêts, des arbres malades desséchés, qui ne captent plus autant de carbone. 2:22
  • Copié
Virginie Salmen, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Le Haut conseil pour le climat a rendu mardi son rapport annuel. Si l’instance note des progrès sensibles dans plusieurs secteurs en France, tels que le bâtiment, elle prévient aussi que d’importants efforts restent à produire, notamment dans les transports et l’agriculture.

S'adapter dès à présent plutôt que subir à l'avenir. Alors que les alertes se multiplient, alors que deux Français sur trois sont déjà exposés aux risques climatiques - sécheresse ou canicule -, le Haut conseil pour le climat a rendu mardi son troisième rapport annuel. Et ses conclusions sont claires : les efforts actuels sont insuffisants pour atteindre l'objectif d'une baisse de 40% de CO2 d'ici à 2030. Cela dit, il y a quand même du mieux. Ces dernières années, la France parvenait péniblement à réduire ses émissions totales de gaz à effet de serre avec - 1 1% par an. Mais en 2019, la baisse a été de 1,9 % exactement. On commence donc à voir bouger les choses dans plusieurs secteurs, notamment le bâtiment.

"Des vraies mesures structurelles, des avancées d'efficacité énergétique"

"C'est le chauffage dans le bâtiment qui est la première source d'émissions et on passe maintenant à du chauffage électrique, à des réseaux de chaleur, à du chauffage basé sur le bois. Et du coup, on a moins d'émissions", relève la Franco-Canadienne Corinne Le Quéré, présidente du Haut conseil pour le climat. "On a aussi beaucoup de rénovation énergétique dans le secteur du bâtiment. Mais on manque de vue d'ensemble. Pour aller plus vite et aller plus en profondeur, il faudrait avoir vraiment une ambition d'ensemble du parc."

Hormis le bâtiment, il y a aussi l'industrie qui progresse grâce à certains procédés moins polluants et le secteur de l'énergie. "On a eu par le passé des baisses d'émissions dans l'industrie pour de mauvaises raisons, qui ont été des fermetures ou des délocalisations industrielles. On observe aujourd'hui de vraies mesures structurelles, des avancées d'efficacité énergétique, en particulier dans certains secteurs", confirme Michel Colombier, co-fondateur de l’Iddri, un think tank qui a participé à la rédaction du rapport. "On est néanmoins, dans l'industrie, devant un enjeu fondamental qui est celui de développer des technologies radicalement différentes pour les grands secteurs consommateurs que sont, par exemple, les cimenteries ou les aciéries."

Les points noirs : l’agriculture, les forêts et les transports

Le Haut conseil pour le climat pointe aussi des points noirs, et notamment l'agriculture, très complexe à réformer. Les experts s'inquiètent en particulier de la mauvaise santé des forêts, des arbres malades desséchés, qui ne captent plus autant de carbone. C'est le cas de plus de 3 millions de mètres cubes de bois qui ont dû être déclassés rien que dans le Grand Ouest.

Et puis il y a le secteur des transports, le plus gros émetteur en France, qui stagne littéralement depuis deux ans. "Ce qu'on observe, c'est que les gains qu'on peut faire en termes d'efficacité, en termes d'amélioration individuelle des véhicules, continuent à être compensés par une augmentation de la demande en transports", précise Michel Colombier. En clair, tous les efforts pour réduire les émissions de CO2 des véhicules ont été réduits à néant par une hausse du nombre de trajets. On se déplace plus et on se fait aussi livrer beaucoup plus de colis.