Stade de France 2:15
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William Molinié , modifié à
Faux billets, tentatives d’intrusion, tourniquets forcés… Selon une note de la police qu’Europe 1 a consultée, les risques de débordements avaient été signalés par la division nationale de lutte contre le hooliganisme.

Qui est responsable ? Où se trouvent les failles ? Moins de 48 heures après le fiasco de l’organisation de la finale de la Ligue des champions de samedi soir, le gouvernement veut tirer toutes les conséquences pour "que ça ne se reproduise plus", selon les mots de la ministre des Sports, Amélie Ouéda-Castéra qui a convoqué une réunion ce lundi matin en présence de Gérald Darmanin, des organisateurs, de la RATP et des autorités policières locales.

Selon les informations d’Europe 1, les policiers de la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) avaient dès le mercredi 25 mai, soit quatre jours avant la rencontre, prévenu les autorités des risques de débordements dans une note fouillée.

Environ 50.000 anglais sans billet

Dans cette note de prévision, les analystes projetaient la présence à Paris de "50.000 à 75.000 supporters anglais", dont seulement 50 à 100 "supporters à risque". Dans cette note de quatre pages qu’Europe 1 a consultée, la DNLH décrit très précisément les flux de voyageurs depuis l’Angleterre jusqu’au stade de France. Et alerte sur les supporters anglais sans billet présents dans la capitale, "environ 50.000". 

"Certains d’entre eux seront en possession de faux billets et tenteront de les utiliser pour accéder au stade", écrivent noir sur blanc les policiers chargés de lutter contre les phénomènes de violences et de hooliganisme.

Tourniquets forcés

Ils entrevoient même que certains pourraient tenter de "pénétrer par ruse dans l’enceinte sportive, en utilisant par exemple des uniformes de steward, de personnels UEFA, de personnel médical, d’agents de nettoyage… […] Comme cela a pu être constaté lors des précédentes finales jouées par le club de Liverpool, plusieurs centaines de supporters anglais tenteront de pénétrer dans le stade en forçant les tourniquets et les différentes portes d’accès". 

Et de conclure : "La velléité annoncée de certains supporters britanniques de tenter d’entrer dans le stade sans être en possession de billets ne manquera pas de générer des incidents". 

 

Ces notes de prévisions étaient censées permettre à la sécurité publique de calibrer au mieux le dispositif. Or, ce dernier a été sous-évalué. "Il manquait des CRS et des gendarmes mobiles", avoue le préfet de police. Mais l'erreur principale, samedi soir, a été l'incapacité du commandement de passer d'une mission de maintien de l'ordre classique, de gestion de foules, à une opération de lutte contre la délinquance. Les effectifs sur le terrain n'ont pas su protéger les supporters anglais pacifiques des 300 à 500 délinquants locaux venus les dépouiller.

Les chiffres annoncées par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, posent question car personne n'a vu "30.000 à 40.000 supporters devant le Stade de France" une fois le match commencé. Deux hypothèques : au mieux, une erreur de comptabilité de la préfecture de police qui ajoute les 40.000 personnes présentes dans la fan zone, place de Nation, à dix kilomètres. Au pire, un mensonge pour appuyer la thèse selon laquelle les faux billets sont les uniques responsables de ce fiasco.