Fin de la trêve hivernale : "Les loyers sont trop chers, même pour les HLM"

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Marthe Ronteix
Le président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS), Louis Gallois, regrette au micro d'Europe 1 dimanche une construction de logements sociaux pas assez rapide et des loyers toujours trop élevés.
INTERVIEW

Alors que la trêve hivernale s'achève dimanche soir et que les expulsions locatives vont reprendre, Louis Gallois, le président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS), dénonce au micro de Bernard Poirette des loyers toujours trop chers, même dans le secteur du logement social.

"Pourquoi y a-t-il autant d'expulsions ? Parce que les loyers sont trop chers et que les habitants ne peuvent plus les payer, même pour les HLM", explique l'ancien PDG de la SNCF et d'Airbus. En 2017, 126.000 décisions d'expulsion ont été prononcées, dont plus de 120.000 pour impayés locatifs (+49% depuis 2001), selon le dernier bilan annuel de la Fondation Abbé Pierre (FAP). La même année, 15.547 ménages ont été expulsés avec le concours de la force publique, dernière étape si aucune solution n'est trouvée. 

Un parc locatif social pas à la hauteur des besoins

Pour le président de la FAS, le problème vient avant tout du parc locatif de logements sociaux. "Le gouvernement s'était engagé à construire 40.000 logements très sociaux en 2018. Or on est à 32.000. Et nous sommes inquiets parce que les lancements de programmes [de construction] ne sont pas très bons. Nous pensons donc que cette cible de 40.000 logements est difficile à atteindre et pourtant, c'est un minimum. Nous en demandons 60.000 pour faire face à cette crise d'hébergement."

Entendu sur europe1 :
Le logement très social n'est peut-être pas au niveau de priorité où il devrait être

Cette crise du logement concerne en outre toute la France bien qu'elle soit encore plus marquée dans les "zones tendues comme Paris, Toulouse, Lyon, Bordeaux, Nantes...". 

De la baisse des APL à une accentuation de la crise du logement

Louis Gallois dénonce également un certain désengagement de l'État dans le secteur des logements sociaux. Et cela s'illustre en particulier dans la décision de 2017 de baisser le montant de l'Aide personnalisée au Logement (APL) de 5 euros. "Nous sommes opposés à cette baisse qui s'est traduite par une baisse des loyers des HLM. Cela les a privé de 800 millions d'euros en 2018 et 900 millions en 2019. C'est autant d'argent en moins pour la rénovation des HLM et la construction de logements très sociaux." S'agit-il d'un désintérêt de l'État pour la question du logement ? "Le logement très social n'est peut-être pas au niveau de priorité où il devrait être", répond Louis Gallois.

Autre revendication de la FAS : une meilleure dotation du fonds d'indemnisation des bailleurs, qui a diminué de près de deux tiers depuis 2005, passant de 78 millions à 24 millions en 2018. Ces sommes servent à indemniser les bailleurs lorsque les locataires ne peuvent plus payer leur loyer. "L'une des solutions pour lutter contre les expulsions locatives, c'est que pendant que les personnes recherchent un logement moins coûteux, ils puissent rester dans leur logement actuel. L'idéal étant qu'il n'y ait pas d'expulsion sans relogement."