TGV Est 1280 FREDERICK FLORIN / AFP 1:14
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A.H.
Pour l'avocat des familles de victimes, le manque de rigueur ne concernait pas uniquement l’essai du TGV Est mais l’ensemble des essais réalisés par la SNCF à l'époque.
INTERVIEW

Près d'un an après le déraillement du TGV Est, qui a fait 11 morts et 42 blessés le 14 novembre 2015 à Eckwersheim (Bas-Rhin), un rapport d'étape, révélé par Le Parisien lundi, dénonce une succession de manquements : la vitesse excessive, la distance de freinage, une équipe dépourvue des "compétences" nécessaires, "les lois physiques de base inconnues"… 

Un freinage trop tardif. "Jamais en aéronautique ou en matière navale, on ne se permettrait de faire des essais de manière aussi peu scientifique", juge Me Chemla sur Europe 1 lundi midi. Avocat de plusieurs familles de victimes, il affirme toutefois que le rapport d'étape, écrit par deux experts mandatés par les juges d'instruction, ne révèle aucune nouvelle information sur les causes du déraillement. "On sait qu’on est arrivé trop vite dans le virage parce qu’on a freiné trop tard, parce que celui qui donne le top du freinage ne l’a pas donné en temps utile", rappelle-t-il.

Un manque de rigueur global. Pour l'avocat, le constat va plus loin. "C’est l’organisation globale des essais qu’il faut remettre en cause. Le calcul se fait de tête, au jugé, dans des conditions qui ne sont pas sérieuses. L’ensemble des essais n’est pas organisé dans des conditions de rigueur adaptées au danger de ce type d’essai en sur-vitesse", dénonce-t-il. En effet, selon le rapport, un essai avait été mené trois jours avant le déraillement du TGV Est, un "quasi-accident" qui n'a pas eu de conséquence sur le dispositif de sécurité de l'équipe.

Il y aurait pu y avoir d'autres accidents. Le manque de rigueur ne concernerait donc pas uniquement l’essai du TGV Est mais l’ensemble des essais réalisés par la SNCF. "Il me semble que la culture du danger des essais n'était pas acquise au sein de la SNCF au moment du déraillement. L’accident n’était pas inéluctable mais il était possible", juge Me Chemla. Son constat est effrayant : "depuis des années, cet accident aurait pu se produire durant des essais sur d’autres rames. On a exposé du personnel et des passagers à un danger anormal parce qu’on n’a pas pris la mesure du danger de ces essais".