Crise agricole : "On est au bout d'une logique"

Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne.
Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. © Europe 1
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A.H. , modifié à
Depuis le Salon de l'Agriculture, Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, est revenu sur la crise qui touche différents secteurs agricoles.

"Tous les deux jours en moyenne, un paysan se suicide en France. Ce qui prouve qu'on touche le fond d'une logique d'agrandissement". Invité d'Europe 1 depuis le Salon de l'Agriculture lundi après-midi, Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, s'est ému de la crise qui frappe un grand nombre de secteurs agricoles.

Revenir aux bases du métier. "On nous dit 'pour résister il va falloir vous agrandir'. Alors les fermes deviennent de plus en plus grosses, il y a de plus en plus d'argent en jeu", a-t-il décrit. Aujourd'hui, on ne parle plus de paysan, ni même d'agriculteur, mais de chef d'entreprise". Si les fermes sont désormais structurées à la manière d'une entreprise, les revenus, eux, sont loin d'être similaires. Dans ce douloureux constat, Laurent Pinatel se refuse à tout fatalisme. "Si cette crise peut être salutaire, c'est dans la prise de conscience que l'on est au bout d'une logique". En clair, revenir aux bases. Le porte-parole de la Confédération paysanne regrette que l'on ait oublié le rôle essentiel d'un agriculteur : nourrir la population. "On a fait une politique agricole, il faudrait faire une politique alimentaire". 

La responsabilité de l'Europe. Comme beaucoup d'agriculteurs, Laurent Pinatel pointe le rôle de l'Europe dans la crise qui secoue le métier. "La définition de l'Europe en terme d'agriculture est complètement galvaudée. Aujourd'hui, on n'arrive plus à être auto-suffisants", regrette-t-il. "On a transformé l'Europe en un immense marché. Les paysans sont devenus seulement des producteurs de matières premières qui sont susceptibles de gonfler les bénéfices de l'agro-industrie sur l'export. De l'export sur des marchés rémunérateurs (AOC, spiritueux, vins etc), ou de l'export de dégagement : on a trop de lait, on s'en débarrasse dans d'autres pays hors UE, en mettant à mal la souveraineté alimentaire, le droit des peuples à se nourrir eux-même", déplore-t-il.