Commission d'enquête sur l'audiovisuel public : Delphine Ernotte défend la neutralité et la gestion de France Télévisions
Face aux députés présents au sein de la commission d'enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l'audiovisuel public, Delphine Ernotte a défendu la neutralité éditoriale et la gestion de France Télévisions lors d’une longue audition. Interpellée sur les polémiques récentes et la situation financière du groupe, elle a assuré agir avec transparence et responsabilité.
Attendue par les députés présents au sein de la commission d'enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l'audiovisuel public, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, a défendu, ce mercredi 10 décembre, sa gestion du groupe et la neutralité de ses programmes devant la commission d’enquête sur l’audiovisuel public.
Le rapporteur Charles Alloncle (UDR) a déroulé de nombreuses questions. Face à lui, la dirigeante du service public a pris le temps d’exposer ses méthodes, non sans être régulièrement pressée d’avancer. "Moi j'ai tout mon temps, on peut y passer la soirée si vous voulez, je suis à votre disposition", a-t-elle déclaré.
"France Télévisions est un média financé par tous. Il doit donc s’adresser à tous", a-t-elle rappelé, qualifiant la neutralité "d’exigence absolue". La commission, centrée sur la "neutralité" et le "financement" du service public, a été créée à la suite de l’affaire Legrand-Cohen, dans laquelle deux journalistes ont été accusés de proximité avec des responsables socialistes après une vidéo tournée dans un restaurant.
Répondant aux doutes du rapporteur, Delphine Ernotte a assuré que le groupe était "exemplaire" en matière de transparence éditoriale et d’équilibre des opinions. Elle a admis l’existence d’erreurs, assorties de sanctions internes si nécessaire, mais rejeté toute idée d’un manque de rigueur ou d’impartialité. Sous sa présidence, a-t-elle rappelé, une seule sanction du régulateur a été prononcée : la diffusion en 2016, après l’attentat de Nice, de l’interview d’un homme au chevet du corps de son épouse.
"Est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'il y a un problème sur le traitement de la neutralité chez France Télévisions ?"
Toutefois, Charles Alloncle a rappelé que l'Arcom a émis une mise en garde sur le sujet Gaza-Côte d'Azur. "Cette même chaîne a diffusé à l'antenne un bandeau d'informations indiquant '200 otages palestiniens retrouvent la liberté' . Est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'il y a un problème sur le traitement de la neutralité chez France Télévisions ?", a déclaré le député lors de l'audition.
La patronne de France Télévisions a distingué, à nouveau, l'audiovisuel public de CNews qu'elle avait qualifié de chaîne d'extrême droite il y a quelques mois. "Je considère que nous ne faisons pas le même métier en fait. Quand je parle de chaîne d'opinion, que je sois claire, c'est pas du tout un jugement moral. C'est un autre modèle éditorial et c'est pas le nôtre", a rapporté Delphine Ernotte.
Elle a également annoncé la création prochaine d’une direction transversale de la déontologie et l’application d’un même niveau d’exigence aux magazines produits en interne comme en externe. Sur le financement, autre volet de l’enquête, la présidente a rappelé les "efforts massifs" réalisés depuis 2015.