Carlos et Carole Ghosn lors d'une conférence de presse à Beyrouth en janvier 2020. 1:46
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Laetitia Drevet , modifié à
Carlos et Carole Ghosn publient un livre écrit à quatre mains qui raconte la "descente aux enfers" de l'homme d'affaire, de son arrestation en novembre 2018 à Tokyo à sa rocambolesque fuite vers Beyrouth un an plus tard. "Comme une résilience après l'épreuve", expliquent-ils dimanche sur Europe 1.
INTERVIEW

Le livre commence le jour où tout a basculé. 19 novembre 2018 : Carlos Ghosn, homme d'affaire à la tête de l’empire automobile Renault-Nissan, est arrêté à Tokyo à la sortie de son jet privé. Inculpé d'abus de biens sociaux puis d'abus de confiance, il est emprisonné dans la capitale japonaise. Assigné ensuite à résidence, il gagne illégalement le Liban en décembre 2019. Carlos et Carole Ghosn racontent aujourd'hui cette "descente aux enfers" dans un ouvrage écrit à quatre mains, Ensemble toujours (éditions de l'Observatoire), qu'ils présentent dimanche au micro d'Europe 1.

"C'est une éditrice qui nous a sollicités. Carlos était contre, moi aussi au début. Puis je me suis dit que c'était une bonne idée de partager notre histoire, comme une résilience après l'épreuve", relate Carole Ghosn. Son époux accepte finalement de raconter son expérience et sa situation, qu'il qualifie dimanche d'"injuste". "Cette arrestation a été un choc terrible. J'ai voulu en parler d'une manière réaliste", appuie-t-il. 

"La justice japonaise est basée sur un système de l'otage"

Le livre met en miroir leurs deux perspectives, puisque de l'arrestation à la fuite, les époux Ghosn ont vécu séparés. La justice japonaise leur avait interdit de se voir et de communiquer. "C'était un moyen de pression. Ils se sont rendus compte qu'en essayant de fragiliser notre relation, ils auraient peut-être plus de chance d'obtenir une confession. Je leur ai dit qu'il n'en était pas question et ils se sont donc attaqués à ma famille, notamment à mon épouse", accuse l'homme d'affaire. 

Carole et Carlos Ghosn n'ont pas de mots assez durs pour qualifier le système judiciaire japonais. "C'est un système de l'otage. Ce terme n'est pas de moi, il est des Nations Unies. Le système de l'otage, donc, vise à obtenir une confession. Dans la quasi totalité des cas, ça marche, et c'est donc le procureur qui gagne. J'ai eu la chance d'arriver à sortir de ce carcan", explique Carlos Ghosn, qui ajoute : "Ce n'est pas le cas de milliers d'étrangers qui subissent encore ce système brutal."

Sous le coup d'un mandat d'arrêt d'Interpol

Détenteur de trois nationalités (française, libanaise et brésilienne), Carlos Ghosn fait l'objet d'une demande d'arrestation d'Interpol. Il reste pour le moment hors d'atteinte des juges japonais, car le Liban n'extrade pas ses ressortissants. La justice libanaise lui a toutefois interdit de quitter le pays. 

Outre le procès principal au Japon, il est aussi concerné par plusieurs enquêtes judiciaires en France, portant notamment sur des soupçons d'abus de biens sociaux chez Renault et la filiale néerlandaise de Renault-Nissan, RNBV. Des poursuites qui n'empêchent pas Carole Ghosn de miser sur l'avenir. "J’espère que [mon mari] va pouvoir rétablir sa réputation. Et qu’avec le temps la vérité va sortir."