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Eve Roger, édité par Anaïs Huet , modifié à
Ne pas boire une goutte d'alcool pendant tout le mois de janvier, c'est le défi que se sont lancés de nombreux Français. Le bilan est positif, et a visiblement inspiré le ministère de la Santé, qui prépare une nouvelle campagne de sensibilisation.

Au dernier jour du "Dry January", le mois de janvier où les Français étaient invités à ne pas boire une goutte d'alcool, le pari est-il réussi ? Venue de Grande-Bretagne, l'initiative a été lancée pour la première fois cette année en France, où 5 millions de personnes avouent boire tous les jours. 

"J'appréhende la reprise". Pour vérifier combien de personnes sont parvenues à passer janvier à l'eau plate, Europe 1 s'est rendu sur le groupe Facebook "Janvier sobre !" créé pour l'occasion, et a fait un sondage express auprès de ses 500 membres. Il apparaît que près de deux tiers d'entre eux ont tenu le choc pendant tout le mois. C'est notamment le cas de Jean-Philippe, 36 ans, cadre à Nantes.

Avant de se lancer dans le "Dry January", il pouvait boire jusqu'à quinze verres en une seule soirée. Au 31 janvier, il se dit "assez surpris" du résultat. "Ça s'est plutôt très bien passé. Quand je vais au restaurant, je demande toujours s'il y a des bières sans alcool. Parfois il y en a, et c'est très agréable pour accompagner un repas. Ça m'a permis de passer de très bons moments, de prendre du plaisir, de sortir, et de ne rien changer à mes habitudes", se réjouit-il. Jean-Philippe avoue cependant craindre le retour de l'alcool dans sa vie. "J'appréhende la reprise, j'appréhende de retomber dans mes vieilles et mauvaises habitudes. Je suis assez prudent. Je n'ai pas prévu de me prendre une cuite monumentale dès demain. Je pense réintégrer l'alcool progressivement, et de manière plus modérée."

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Un dérapage contrôlé. Après notre petit sondage sur le groupe Facebook, il apparaît aussi qu'un tiers des membres a fait une entorse à la règle, puis ont repris le défi. Noël, interrogé à mi-parcours, avouait que lui et son épouse étaient sortis et avaient bu deux verres d'alcool. "Je ne le prends pas comme le fait que j'ai craqué, je le prends comme le fait que je me le suis autorisé. Et le lendemain, on a repris l'abstinence complète sans souci", se rassure-t-il au micro d'Europe 1.

Impossible en revanche de savoir combien ont abandonné le mois sans alcool, puisque ces derniers ne se sont pas signalés.

Une nouvelle campagne de sensibilisation. L'idée de ce défi, ce n'est pas d'arrêter de boire complètement, comme c'est le cas pour le mois sans tabac où l'objectif est bien de stopper la cigarette. Là, il s'agit simplement de boire moins. Et c'est justement l'esprit de la campagne que le ministère de la Santé est en train de préparer dans le plus grand secret, et qui sortira en mars. Selon les informations d'Europe 1, l'objectif n'est pas d'interdire l'alcool ou de culpabiliser les consommateurs, mais simplement d'accompagner tous ceux qui veulent diminuer leur consommation. Un peu dans l'esprit de la fameuse campagne qu'on a tous en tête : "Un verre, ça va… Trois verres, bonjour les dégâts ". Cette fois, le slogan sera "Boire moins, c'est toujours mieux". 

La campagne va se décliner non pas en insistant sur les risques pour notre santé (cancer, infarctus…), mais sur les petits bénéfices que chacun aurait à boire moins d'alcool, comme perdre du poids ou mieux dormir la nuit.

"Maximum deux verres par jour, et pas tous les jours". La campagne va nous donner un nombre de verres maximum à boire chaque jour. Les publicitaires ont phosphoré pendant des mois pour traduire en langage "grand public" les nouveaux repères fixés par Haut conseil de santé publique. Résultat, ils ont trouvé ce slogan que l'on verra fleurir partout : "Maximum deux verres par jour, et pas tous les jours". Ce conseil vaut pour tout le monde, hommes et femmes confondus. Dans les faits, les Français consomment actuellement en moyenne 2,7 verres par jour. 

Pour la ministre de la Santé Agnès Buzyn, cette campagne sonne comme une revanche contre le lobby de l'alcool qui, en janvier, a fait capoter plusieurs mesures du "plan addiction", comme le prix minimum ou l'augmentation substantielle du logo pour les femmes enceintes sur les bouteilles. C'est aussi une petite pierre dans le jardin de ses collègues, comme le ministre de l'Agriculture, qui répète à l'envi que le vin n'est pas un alcool comme les autres.