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Ugo Pascolo , modifié à
Alors que la majorité des têtes de liste des élections européennes envoyées par les grands partis sont des "rookies" de la politique, Yves Bertoncini, spécialiste des questions européennes, et Frédéric Dabi, politologue, discutent de cet état de fait, autour du micro de Wendy Bouchard. 
LE TOUR DE LA QUESTION

A deux mois des élections européennes, les têtes de liste sont enfin connues. Mais si l'on pouvait s'attendre à avoir quelques cadors de la politique dans les starting-blocks, force est de constater que la majorité des têtes de liste sont des rookies, "des personnes qui ne se sont jamais confronté au vote" : Nathalie Loiseau pour LREM, Manon Aubry pour la France insoumise, Jordan Bardella pour le Rassemblement national, Raphaël Glucksmann pour la gauche ou encore François-Xavier Bellamy pour les Républicains. 

Autour de Wendy Bouchard dans le Tour de la question, Yves Bertoncini, spécialiste des questions européennes, ancien directeur de l'Institut Jacques Delors et Frédéric Dabi, politologue, directeur général de l'IFOP discutent de ce "paradoxe" des élections européennes, dont le scrutin a lieu le dimanche 26 mai et doit permettre de désigner 79 eurodéputés. 

"Alors que les deux premières élections européennes [1979 et 1984, ndlr] étaient portées par des pointures comme Simone Veil, Jacques Chirac, Lionel Jospin, Michel Rocard ou encore Bernard Tapie, on voit un paradoxe apparaître", confirme Frédéric Dabi au micro d'Europe 1. "C'est la première fois depuis 20 ans qu'il y a une seule et unique circonscription pour la France dans ces élections [en 2009 et 2014, la France était découpée en huit circonscriptions, ndlr], donc tous les éléments d'une incarnation réussie sont présents, avec des têtes de liste qui peuvent influer et débattre avec les Français", rappelle le directeur général de l'IFOP en faisant référence au débat organisé par France 2 le 4 avril prochain. "Malgré cela, la plupart des partis - sauf Génération.s avec Benoît Hamon et Debout la France avec Nicolas-Dupont Aignan - ont choisi de présenter des rookies", analyse-t-il. 

"Tout le monde votera pour ou contre la politique d'Emmanuel Macron"

"C'est le produit de ce qu'il s'est passé en 2017 avec l'élection d'Emmanuel Macron. Certes, cela va apporter une certaine fraîcheur, mais on va être sur des personnes tellement peu connues que cela ne va pas faciliter la mobilisation des électeurs", s'avance le politologue.

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Premières élections à enjeu du quinquennat d'Emmanuel Macron, les Européennes se déroulent en plus dans un contexte social difficile au niveau national, avec les "gilets jaunes", mais aussi dans une situation internationale complexe avec le Brexit. "C'est un cas particulier", résume de son côté, Yves Bertoncini. "Tout le monde votera pour ou contre la politique d'Emmanuel Macron", lance-t-il. "Nathalie Loiseau portait la politique du président en tant que ministre, elle le fait désormais en étant tête de liste, il y a une certaine logique", relativise le spécialiste des questions européennes.

"Jusqu'ici, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen n'arrivaient pas à siéger à l'Assemblée nationale, donc ils allaient se faire élire au Parlement européen"

Pour l'ancien directeur de l'Institut Jacques Delors, il y a une très bonne raison à ce que Manon Aubry et Jordan Bardella soient respectivement tête de liste de la France insoumise et du Rassemblement national : "Jusqu'ici, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen n'arrivaient pas à siéger à l'Assemblée nationale, donc ils allaient se faire élire au Parlement européen. C'est pour ça qu'il tiraient les listes", déroule-t-il. "Mais maintenant, ils mettent tête de liste des personnes moins charismatiques".

Quant aux Républicains ou au PS, Yves Bertoncini a là aussi une explication : "Comme ils ont peur de se prendre une raclée, les cadors n'y vont pas. Le PS a même renoncé à présenter une tête de liste issue de ses rangs pour la première fois". "C'est difficile de se refaire après les défaites historiques aux municipales, régionales et européennes sous l'ère Hollande", tempère Frédéric Dabi. "D'autant que leur candidat à la présidentielle, Benoît Hamon, est contre eux", ajoute-t-il avant de conclure : "Avec Raphaël Glucksmann, l'idée du PS est de recréer une union à gauche...mais c'est l'émiettement qui prédomine."

Avez-vous l'intention de voter aux élections européennes du 26 mai ?

Traditionnellement boudée par les électeurs, la prochaine échéance européenne verra-t-elle aussi une abstention supérieure à 50% ? S'il est impossible de prévoir le taux de participation, les 11.000 auditeurs qui ont répondu à la consultation sur la page Facebook d'Europe 1 affirment pour 72% d'entre eux qu'ils iront mettre un bulletin dans l'urne, le 26 mai prochain. "Oui sans aucun doute. Voter c'est le seul droit d'expression que nous ayons. C’est une excellente façon d'exprimer notre mécontentement face au président actuel et à sa bande", pense par exemple Evelyne. "Voter est une chance, beaucoup ne l'ont pas et se battent pour. Profitons-en !", renchérit Anne. " Que ceux qui ne votent pas se taisent et ne participent plus à la vie en société", juge de son côté Alain. Tandis que Christelle ironise : " Il suffit qu’il fasse beau ce jour-là et le barbecue l’emportera sur le devoir de citoyen".