Discours de politique générale d’Edouard Philippe : ce qu'il faut retenir

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Après Emmanuel Macron lundi à Versailles, c’était au tour d’Edouard Philippe de prendre la parole mardi, à l’occasion de son discours de politique générale. © MARTIN BUREAU / AFP
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Face à un Hémicycle animé, le Premier ministre a développé son action politique pour les années à venir. Avec son lot d’annonces nouvelles. 

Après Emmanuel Macron lundi à Versailles, c’était au tour d’Edouard Philippe de prendre la parole mardi à l'Assemblée nationale, à l’occasion de son discours de politique générale. Pendant plus d’une heure, moins longtemps donc que le président de la République, le Premier ministre a évoqué son action à venir, en étant souvent très concret. Il a ainsi multiplié les annonces en matière économique et fiscale, de santé, d’éducation ou encore d’environnement. Le tout sous les applaudissements, souvent, ou sous les protestations des députés de l’opposition.

  • Un chapitre économique et fiscal chahuté

C’était sans doute le passage le plus attendu, et c’est celui sur lequel les députés ont le plus réagi. Par des applaudissements pour les uns, par des cris pour les autres. La dette française atteint un "niveau insupportable" de 2.147 milliards d'euros. "Nous dansons sur un volcan qui gronde de plus en plus fort", a-t-il affirmé, voulant mettre fin à "l'addiction française à la dépense publique" et promettant de ramener le déficit public sous la barre des 3% dès 2017.

En matière fiscale, Edouard Philippe a confirmé la future hausse de la CSG, couplée à la suppression des cotisations chômage et santé des salariés, et ce dès 2018. En revanche, d’autres réformes sont retardées. Le Premier ministre a ainsi annoncé un report à 2019 de la réforme de l'impôt sur la fortune (ISF), destinée à encourager l'investissement dans les entreprises et jusque-là annoncée pour 2018. Il a également fixé la réforme de la taxe d’habitation à 2022, soit deux années supplémentaires.

  • Un bac réformé en 2021

Le Premier ministre Edouard Philippe a promis mardi de faire "profondément évoluer" le baccalauréat avec une mise en oeuvre complète pour 2021. "Une concertation sera lancée dès la rentrée prochaine, pour resserrer les épreuves finales autour d'un plus petit nombre de matières et définir ce qui relève du contrôle continu", a-t-il dit dans sa déclaration de politique générale. La concertation aboutira "avant septembre 2018, pour une mise en oeuvre complète de cette réforme pour le bac 2021".

Le Premier ministre a aussi affirmé mardi une "ambition forte" pour la filière professionnelle, prônant des liens "resserrés" entre le lycée professionnel et le monde de l'entreprise. "Le lycée professionnel doit aussi être mieux intégré avec les filières post-bac courtes que sont les BTS et les licences professionnelles", a-t-il dit. Il s'est aussi déclaré en faveur de "diplômes de qualification à bac+1" après le baccalauréat professionnel. Par ailleurs, le chef du gouvernement a promis la fin des tirages au sort pour l’entrée des bacheliers à l’université.

  • Tabac, remboursements, déserts médicaux… une vaste place laissée à la santé

La santé sera l’un des gros chantiers du quinquennat, à entendre Edouard Philippe. Le Premier ministre s'est ainsi engagé sur une hausse des remboursements pour les lunettes, les soins dentaires ou les prothèses auditives, qui seront dans "reste à charge" pour les assurés. Il a aussi promis un plan de lutte contre les déserts médicaux, avec un plus grand recours à la télémédecine. Le chef du gouvernement a aussi confirmé que les vaccins infantiles seraient obligatoires dès l’an prochain.

Edouard Philippe a enfin annoncé une mesure qui risque d’être impopulaire dans les mois et les années à venir. Le gouvernement "portera progressivement le prix du paquet de cigarettes à 10 euros", contre environ 7 euros actuellement, a-t-il assuré. "Le tabac en France entraîne plus de 80.000 décès (par an, NDLR). C'est la première cause de mortalité évitable, et la consommation quotidienne de tabac augmente chez les adolescents. Ne rien faire est exclu", a expliqué le Premier ministre. La hausse, de l’ordre de 40% au final, risque tout de même de créer quelques remous.

  • L’écologie pas oubliée

Edouard Philippe a annoncé que la convergence entre la fiscalité du gazole et de l'essence serait réalisée "avant la fin de la mandature", en 2022, confirmant ainsi une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron. Le Premier ministre a également annoncé une accélération de la "montée en puissance de la fiscalité carbone", l'objectif de diviser "par deux les déchets mis en décharge" d'ici à 2025 et de recycler "100% des plastiques" à la même échéance. Il a également confirmé que le gouvernement n'accorderait plus de nouveaux permis d'exploration d'hydrocarbures.

  • Il convoque Veil, Rocard, Chaband-Delmas et… Dylan

Edouard Philippe a débuté son discours en citant Simone Veil, décédée vendredi dernier. "La vie m’a appris qu’avec le temps, le progrès l’emportait toujours. C’est long, c’est lent, mais en définitive, je fais confiance", a-t-il lancé. Il a ensuite cité des extraits des discours de politique générale de Jacques Chaban-Delmas et de Michel Rocard. "Ces deux hommes s'accordaient sur un constat et une méthode", a-t-il constaté. Mais le Premier ministre a aussi évoqué Bob Dylan au moment d’insister sur la gravité de la dette publique. "Combien de fois un homme peut-il tourner la tête en prétendant qu’il ne voit rien", a lancé le chef du gouvernement en référence à la chanson Blowin’ in the wind du dernier prix Nobel de littérature.

(à 1'15'')

  • Un Hémicycle plus vivant que la veille

Lundi devant le Congrès à Versailles, Emmanuel Macron avait prononcé son discours dans un grand silence, ponctué deux fois seulement d’applaudissements. Cette fois, l’Hémicycle a été plus animé. De très (trop ?) nombreuses fois, les propos d’Edouard Philippe ont été salués par une salve d’applaudissement venus, en toute logique, des bancs de la majorité, suffisamment conséquente pour être bruyante. Mais à plusieurs reprises aussi, des députés ont lancé des phrases (inaudibles pour ceux qui n’étaient pas dans l’Hémicycle) de protestation. François de Rugy, sur son Perchoir de président de l’Assemblée nationale, a dû user du marteau pour appeler au calme, pour la première fois de la législature. Mais certainement pas pour la dernière fois.