Chute de popularité : Emmanuel Macron paye le prix des cafouillages

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Soazig Quemener, rédactrice en chef du service politique de "Marianne" , modifié à
La popularité du président de la République dévisse, questionnant l’essence même du macronisme qui s'est construit à partir de la popularité de son leader.

Ça tangue à l’Elysée ! La côte de popularité du chef de l’Etat vient d’enregistrer une chute brutale, moins 10 points en un mois. Du jamais vu depuis Jacques Chirac en 1995. Avec 54% de satisfaits dans le baromètre Ifop pour Le Journal du Dimanche, après trois mois d’exercice, Emmanuel Macron se classe désormais derrière Charles de Gaulle, Nicolas Sarkozy et François Hollande à la même période de leur mandat.

Une relation de confiance. Ses prédécesseurs ont chuté eux aussi par la suite, certains de belle manière d’ailleurs. Mais le cas Macron offre une spécificité : pour se faire élire, l’actuel chef de l’Etat a joué à fond l’antisystème. Il n’a pas derrière lui de parti puissant, bien déployé localement, pour relayer son action dans les territoires. Pour l’épauler, il ne peut compter que sur une poignée de poids-lourds politiques. Le pouvoir tel que Macron le pratique induit donc une importante popularité. C’est dire si la relation de confiance directe qu’il espère avoir tissée avec les Français lui semble primordiale. C’est d’ailleurs bien pour cela qu’il écarte les journalistes : il souhaite parler à ses concitoyens sans filtre.

Une équipe gouvernementale fragile. Avec cette chute de popularité, le chef de l’Etat ne paye pas seulement sa volonté réformatrice. Sinon les mécontentements se cristalliseraient aujourd’hui autour de la réforme du code du Travail, un texte à haut potentiel explosif. Cette chute de popularité met avant tout à nu la fragilité de la gouvernance Macron. L’équipe qu’il a mise en place autour de lui n’a pas su gérer les imprévus. Par exemple, le cafouillage de calendrier à propos de la suppression de la taxe d’habitation.

 

Machine infernale. Sans compter qu’après le cirque, la crise, à propos du budget des armées, le gouvernement vient d’ouvrir un nouveau front, avec les étudiants cette fois-ci, en réduisant l’aide au logement, la fameuse APL. Les communiqués des amis du chef de l’Etat qui cherchaient dimanche soir à attribuer l’entière paternité de cette mesure impopulaire à François Hollande ne suffiront pas à étouffer la grogne. Pas plus que la rencontre prévue mercredi à l’Elysée avec l’idole Rihanna. Moins de 100 jours après son accession au pouvoir, Emmanuel Macron semble sur le point d’enclencher l’un de ces engrenages infernaux dont seule la Ve République a le secret.