Emmanuel Duteil 3:14
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Emmanuel Duteil
Alors que la ministre du Travail Elisabeth Borne a annoncé lundi soir qu'il n'y aura plus de "nombre de jours minimal" de télétravail requis dans les entreprises à partir de ce mardi, l'éditorialiste d'Europe 1, Emmanuel Duteil, est revenu dans Europe Matin sur cette pratique, affirmant qu'elle présente de nombreux avantages.
EDITO

Il n'y aura plus de "nombre de jours minimal" de télétravail requis par l'Etat dans les entreprises à partir de mardi soir, a affirmé lundi la ministre du Travail Elisabeth Borne. Un nouveau protocole doit en effet être publié ce soir afin de permettre "à la direction des entreprises, en discussion avec les représentants des salariés", de définir les nouvelles règles en vigueur pour la rentrée. Dans Europe Matin, notre éditorialiste Emmanuel Duteil est revenu sur cette pratique démocratisée par la crise sanitaire. Il a estimé qu'il en allait de l'intérêt des entreprises comme des salariés de maintenir une dose de travail à distance. 

De la souplesse dans la gestion de la vie de famille

"J'assume d'entrée, il faut maintenir une dose de télétravail. Il en va de l'intérêt des entreprises et des salariés. Revenir au travail cinq jours par semaine ce n'est pas une bonne idée. Le télétravail subi et imposé lors du premier confinement ainsi que les souvenirs qui vont avec et qui ont généré beaucoup de souffrance, c'est à bannir. Mais je vous parle d'un télétravail volontaire et choisi, d'un à deux jours par semaine pour des professions qui peuvent le faire. Car on estime aujourd'hui qu'environ un tiers des professions le pratiquent.

Quand c'est possible, le télétravail a en effet des avantages. Il offre de la souplesse dans la gestion de la vie de famille, notamment sur la garde des enfants. Il permet d'éviter les trajets interminables, soit parce qu'on habite loin de son travail, soit parce que l'on habite dans une grande métropole et que l'on doit prendre les bus et les métros bondés dès le matin. Ca donne même la possibilité de vivre plus loin de son travail pour avoir un petit espace agréable, un jardin, un balcon et donc un peu plus de calme. Et puis, ça offre des plages horaires pour récupérer un colis ou gérer par exemple un devis.

Aller au travail parce que c'est utile

Tout cela est donc lié à son confort personnel pour peut-être mieux travailler. Car ce n'est pas anecdotique. Et c'est d'autant plus important que beaucoup de salariés ont pris goût ces derniers temps à ces espaces de liberté dans leur agenda et revenir en arrière serait donc tout simplement un gros recul pour eux. Mine de rien, un salarié heureux dans son poste c'est toujours un salarié qui travaille mieux. Et puis ça a également une vertu importante : on va aller au travail parce que c'est utile. Il faut donc des journées où tout le monde est là afin de concentrer la réflexion, la grosse réunion et les moments de convivialité sur les jours où nous sommes présents.

Tout ça demande bien entendu de l'organisation et des efforts. Mais il y a également un autre effet lié à la crise sanitaire. Les salariés, selon les DRH, veulent une évolution du mode de management. Ils veulent finalement plus de reconnaissance et cette pratique est un moyen de répondre à ces aspirations légitimes. Quant au risque que télétravail rime avec 'glandouille', toujours selon les DRH, un salarié qui ne travaille pas en télétravail est un salarié qui ne travaille pas non plus lorsqu'il est présent physiquement. Et puis finalement, moins de salariés en même temps au travail, c'est aussi moins de besoins en mètres carrés et donc des économies de loyer."