11 nouvelles métropoles en France : ça change quoi ?

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Noémi Marois avec AFP
COUR DES GRANDS - Bordeaux, Toulouse, Rennes… et 8 autres villes vont se voir à partir du 1er janvier attribuer plus de responsabilités.

Il n'y en avait qu'une en France. Elles seront, à partir du 1er janvier 2015, onze de plus. Bordeaux, Lille, Grenoble, Nantes, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Montpellier, Brest et Lyon accèdent au 1er janvier 2015 au statut officiel de métropole et rejoignent ainsi Nice qui était la seule jusqu'à aujourd'hui à en bénéficier. En 2016, ce sera le tour du Grand Paris et d'Aix-en-Provence-Marseille.

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Mais c'est quoi une métropole ? Une métropole, dans le langage courant, c'est une grande ville. Tout simplement. Ce qui est juste en quelque sorte. En vocabulaire géographique, la métropole désigne "une place centrale, un lieu décisionnel" doté de "services à fortes valeurs ajoutées" et se caractérise souvent par une forte population. Mais ici, ce n'est pas ce genre de métropole dont on parle. 

La métropole est un statut officiel inscrit dans la loi française depuis 2010. Alors nouveauté de la loi sur la réforme des collectivités territoriales, la métropole est alors considérée comme un Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI). Nice est la première ville de France à avoir bénéficié de ce statut dès 2012.

Qu'est-ce que ça change ? Pour les 11 nouvelles villes désignées, ce nouveau statut a pour principal objectif la rationalisation de la gestion locale. Ces grandes villes vont se voir confier les questions liées au développement économique, à l'environnement, à l'aménagement urbain. Elles acquièrent également plus de pouvoir dans le domaine des transports et de l'enseignement. L'ensemble de ces compétences sont en fait transférées de la région ou du département vers la métropole.

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Et concrètement, ça ressemble à quoi ? Rien de mieux que de se tourner vers Nice pour observer les effets de la métropolisation. Nice-Côte d'Azur, c'est son nom, a grâce à sa nouvelle dimension, pu négocier un prêt de 250 millions d'euros de la part de la Banque européenne d'investissement (BEI) afin de financer une nouvelle ligne de tramway. Concrétisation de la gestion "de la promotion économique internationale", explique Christian Estrosi, maire de Nice, interrogé par Les Echos. Celui qui est aussi président de la métropole souligne que désormais Nice-Côte d'Azur gère "les transports scolaires et toutes les voieries".

À Bordeaux, mutualiser pour économiser. À Grenoble, Bordeaux ou encore Montpellier, on se prépare activement. À Bordeaux, la priorité est donnée à "la mutualisation" explique Alain Anziani (PS), chargé du dossier. La métropole girondine a identifié 70 fonctions, de la gestion de la paie à la commande publique, susceptibles d'être mises en commun. "D'abord, la mutualisation va coûter plus cher", annonce Alain Anziani. Par exemple, le régime d'agent communautaire est plus favorable que celui d'agent municipal. Au final, cependant, la métropole fera des économies, assure-t-il. 

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© PHILIPPE DESMAZES / AFP

À Grenoble, combattre les inégalités. La mutualisation n'est pas le premier objectif de Grenoble. "Nous sommes une agglomération très hétérogène", explique Christophe Ferrari, le président de la communauté d'agglomération. L'enjeu, selon lui, est "de faire en sorte que la métropole soit capable de lutter contre ces inégalités-là". À Nice, le financement de la station d'épuration de la station alpine Isola est un bon exemple de solidarité au sein de ces nouvelles entités. 

Un outil pour concurrencer d'autres villes. Si la métropole aide à la solidarité au sein de son territoire, c'est aussi un outil pour renforcer le poids d'une ville. Montpellier se voit ainsi revaloriser dans sa concurrence avec Toulouse. Alors que les régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ne feront qu'une dans un an, la capitale de l'Hérault souhaite ainsi faire contrepoids avec la ville rose. Sinon, "Toulouse aurait tout pris", assure le président de l'agglomération montpelliéraine Philippe Saurel.

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© PATRICK HERTZOG / AFP

Lille et Strasbourg, un enjeu européen. Pour ces deux villes, situées près de frontières, l'enjeu est d'autant plus important qu'elles se doivent de défendre un territoire "à dimension européenne", observe Robert Hermann, président de l' "eurométropole" de Strasbourg. D'ailleurs, cette dernière comptera "des représentants allemands au sein de son conseil de développement". Le président de la "métropole européenne de Lille", Damien Castelain, assure de son côté que ce nouveau statut permettra à la capitale du Nord de se tourner vers la Belgique et l'Angleterre. 

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Juste un "symbole" ? L'Association des maires de France relativise la création de ces 11 métropoles, une mesure "surtout symbolique", rapporte Les Echos. Nantes ne dit pas le contraire puisque sa nouvelle titulature va entraîner des changements minimes. Sa Communauté urbaine "avait déjà un fort degré d'intégration des compétences" entre les communes, dont témoigne l'importance du budget, supérieur au milliard d'euros, souligne sa présidente Johanna Rolland (PS).

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