Projet de "vignette" poids lourds : les Bretons sont prêts à ressortir leurs bonnets rouges

bonnets rouges, bretons crédit : FRED TANNEAU / AFP - 1280
Le mouvement dit des "Bonnets Rouges" est né en Bretagne en 2013 pour contester contre la mise en place de portiques pour taxer les transporteurs routiers (image d'archives). © FRED TANNEAU / AFP
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François Coulon, édité par Marthe Ronteix , modifié à
Face au projet de "vignette" pour les poids lourds évoqué par François de Rugy, les "Bonnets Rouges" bretons sont prêts à reprendre la contestation qui avait fait céder le gouvernement cinq ans plus tôt.
REPORTAGE

Le projet de "vignette" visant à taxer les "camions étrangers", évoqué par le nouveau ministre de la Transition écologique François de Rugy dimanche, ne passe pas en Bretagne. L'objectif de cette mesure ? Financer l'entretien des routes et la lutte contre la pollution. Mais après avoir fait céder le gouvernement qui prévoyait une mesure similaire en 2013, les "Bonnets Rouges" sont prêts à reprendre du service. 

Une mesure qui s'appliquera à tous ou à personne. La mise en place d'une telle mesure est "impossible juridiquement", ripostent les Bretons. "L'Europe interdit toute discrimination de nationalité. Si cette vignette touche les transporteurs étrangers, elle visera également fatalement les routiers français !", détaillent-ils. Et de lancer un avertissement musclé au nouveau ministre : "s'il veut une nouvelle version de la guerre contre l'écotaxe et contre ses portiques, il l'aura !".

Une taxe décriée. En 2013, des milliers de Bretons avaient arboré un bonnet rouge - devenu ensuite symbole de la contestation - et certains portiques avaient succombé sous leur colère. Un an plus tard, Ségolène Royal, alors ministre de l'Ecologie, était contrainte de capituler et d'abandonner le projet d'écotaxe, une victoire qui semblait définitive. Alors ce projet de nouvelle vignette imposée aux poids lourds pour financer l'entretien des infrastructures d'autoroutes résonne comme une bombe. 

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"'les bonnets rouges on est prêts à les ressortir'". "J'ai halluciné", s'écrie Thierry Merette, l'un des leaders des Bonnets rouges dans le Finistère au micro d'Europe 1 mercredi. "Ils mettent tout en oeuvre pour nous fédérer. Aujourd'hui, on est encore plus unis - les paysans, les pêcheurs, les transporteurs. Les chefs d'entreprises me disent, 'les bonnets rouges, on est prêts à les ressortir'."  

"Non à toute taxation supplémentaire". En Ille-et-Vilaine, François Baudoin, le patron des Transporteurs Routiers Bretons qui comptent 20.000 salariés, est lui aussi très remonté. "C'est une exaspération. On verra ce qu'on fera mais c'est 'non' depuis le début à toute taxation supplémentaire. Ce sont tous les transporteurs en France qui ne se laisseront pas faire."

"Les Bretons ne se feront pas voler leur victoire sur l'écotaxe", assure de son côté, Frédéric Duval, à la tête des 150.000 entreprises bretonnes contre l’écotaxe. "Ce qu'on a pu évacuer par la porte, on essaye de le ramener par la fenêtre. La motivation est absolue et c'est un état d'esprit de totale opposition. Il n'y aura pas d'éco-redevance en Bretagne."

Une mesure pour taxer les transporteurs routiers ?

Le gouvernement évoque depuis l'été 2017 une taxe sur les transporteurs routiers pour financer l'entretien des infrastructures existantes et la réalisation de projets. Mais la ministre chargée des Transports Elisabeth Borne avait affirmé ne pas vouloir remettre en place une écotaxe. En avril dernier, la ministre avait estimé qu'une telle redevance pourrait rapporter "quelques centaines de millions d'euros", mais qu'elle ne devrait pas être mise en place en 2019.