Le chirurgien est incarcéré depuis 2017 et devrait comparaître devant la cour d'assises de Saintes.
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Salomé Legrand, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
Les gendarmes de la Section de Recherche de Poitiers enquêtent sur des carnets d'écriture saisis chez un médecin, dans lesquels figurent plus de 200 noms de mineurs, filles et garçons. 

Un ancien chirurgien s'est-il rendu coupable d'agressions pédophiles à très grande échelle ? Les gendarmes de la Section de Recherche de Poitiers ont la lourde tâche de le déterminer, en remontant plus de 200 noms figurant dans des carnets d'écritures. Ces derniers ont été saisis chez un médecin de Charente-Maritime, d'ores et déjà renvoyé aux assises pour des faits commis sur quatre mineures. 

Les noms de dizaines d'enfants dans des carnets

L'homme, qui doit être jugé "fin 2019 ou début 2020" est soupçonné d'être impliqué dans un premier dossier. Les faits ont été commis entre 1989 et 2017 sur quatre fillettes, indique dans un communiqué le procureur adjoint de La Rochelle, Julien Wattebled. Le médecin est, dans ce cadre, placé en détention provisoire depuis mai 2017. L'alerte a, à l'époque, été donnée par une très jeune voisine, l'accusant d'exhibition sexuelle. Les examens ont même révélé des soupçons de viol.

En perquisitionnant le domicile du médecin, les enquêteurs ont découvert de très nombreux écrits, qui ont permis de retrouver trois autres potentielles victimes au sein même de sa famille. Mais aussi, comme le révèle mardi la Charente Libre, les noms de dizaines d'autres enfants. 

"Il n'est pas poursuivi pour ces actes aujourd'hui"

"Il décrit des scènes à connotation sexuelle et fait des récits qui apparaissent un peu comme des histoires mais dans lesquelles il va décrire ses impressions, ses ressentis", détaille auprès d'Europe 1 Me Francesca Satta, l'avocate de la première petite fille, qui a pu consulter une partie de ces écrits. "Visiblement, ce ne sont pas que des fantasmes puisque parmi les récits de ce carnet, on a des victimes qui se sont constituées partie civile, donc on est passés du fantasme à la réalité", ajoute-t-elle, assurant que les expertises psychiatriques du médecin décrivent un homme "manipulateur (...), suffisamment intelligent pour pouvoir passer relativement bien dans son environnement."

Également interrogé par Europe 1, Me Thibault Kurzawa, l'avocat du chirurgien, invite lui à la prudence. Tout en indiquant que son client ne conteste pas être l'auteur de ces écrits et "reconnaît son attirance pour des personnes mineures", il souligne que les récits sont "soit au futur, soit au conditionnel, soit au passé, soit au présent", et ne sont "corroborés par aucun élément objectif". "Il n'y a aucune possibilité, aucun moyen d'apporter la preuve que les faits (...) se sont effectivement passés", appuie-t-il. "Il n'est pas poursuivi pour ces actes aujourd'hui."

Une enquête complexe pour les gendarmes 

C'est toute la difficulté de cette enquête, pour des gendarmes qui doivent contacter de nombreuses personnes dont les noms reviennent dans les cahiers sans qu'elles n'aient elles-mêmes de souvenir, qu’elles aient été agressées sous anesthésie, en salle de réveil ou que les faits n’aient en fait pas eu lieu. "Aucun détail ne peut être donné à ce stade que ce soit sur le nombre ou sur la nature de ces faits", indique le parquet dans son communiqué.