Ouverture à Paris d'un lieu d'accueil inédit pour les femmes sans-abri

Sans-abri, SDF, femme, LOIC VENANCE / AFP 1280
Le nombre de femmes à la rue reste difficile à évaluer car nombre d'entre elles se cachent pour échapper aux violences physiques et sexuelles. © LOIC VENANCE / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
La "Cité des dames" pourra héberger 50 femmes chaque nuit. Elles pourront y prendre une douche, laver leur linge, se reposer ou se restaurer, mais aussi voir un travailleur social, une sage-femme ou une psychologue.

Pouvoir se reposer et bénéficier de soins, sept jours sur sept, 24 heures sur 24, dans un lieu entièrement féminin : avec l'ouverture de la "Cité des dames" samedi, les femmes sans-abri de Paris vont bénéficier d'un centre d'accueil inédit dans la capitale. Ce centre, situé dans le XIIIe arrondissement, sera géré par l'Armée du Salut et l'Association pour le développement de la santé des femmes (ADSF).

Les chiens et animaux de compagnie acceptés. Les femmes sans-abri pourront y prendre une douche, laver leur linge, se reposer ou se restaurer, mais aussi voir un travailleur social, une sage-femme ou une psychologue, dans un centre ouvert en permanence toute l'année. Fait rare, la structure accepte les chiens et animaux de compagnie. Il n'existait jusqu'ici aucun lieu de ce genre à Paris. La "halte femmes" proche de la gare de Lyon n'assurait qu'un accueil de jour.

La "Cité des dames" pourra héberger 50 femmes chaque nuit, adressées au centre par les maraudes sillonnant la capitale, selon les associations gestionnaires. En journée, elles comptent voir passer une centaine de femmes quotidiennement, qui pourront se rendre spontanément dans le centre.

"On oublie" que les femmes "peuvent être aussi isolées". "La prise en compte des femmes seules et en errance à Paris est encore largement insuffisante", explique Nadège Passereau, déléguée générale de l'ADSF. "Jusqu'ici il y avait des accueils familles, mais sous le mot famille on oublie le mot femme, et on oublie qu'elles peuvent être aussi isolées."

Le nombre de femmes à la rue reste difficile à évaluer. Pour échapper aux violences physiques et sexuelles, nombre d'entre elles se cachent dans les halls d'immeuble, les parkings ou les hôpitaux. En 2012, deux sans-abri sur cinq en France étaient des femmes selon l'Insee. En février, le comptage effectué pendant la Nuit de la solidarité a recensé 12% de femmes sur les 3.000 SDF de Paris. Des chiffres "sous-évalués", selon les associations, puisque les femmes adoptent des "stratégies d'invisibilité".

"Il faut faire du sur-mesure avec ces femmes-là." "Les demandes des femmes seules au 115 (numéro du Samu social, chargé de l'hébergement d'urgence) ont augmenté de 66% entre 2006 et 2016", souligne Éric Piedra, directeur de la Cité de Refuge de l'Armée du Salut, au sein de laquelle a été construite la Cité des dames. Le projet est né d'un constat, explique-t-il : "Il faut faire du sur-mesure avec ces femmes-là. Elles ont vécu des expériences douloureuses, soit dans la rue, soit dans des centres d'hébergement et donc elles se méfient des lieux mixtes."