James Bond : les romans de Ian Fleming réécrits pour gommer des passages jugés racistes

Certains ouvrages mettant en scène James Bond ont été réécrits pour y modifier des passages jugés racistes ou offensants.
Certains ouvrages mettant en scène James Bond ont été réécrits pour y modifier des passages jugés racistes ou offensants. © BEN STANSALL / AFP
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Romain Rouillard
Les célèbres romans d'espionnage d'Ian Flemming ont été revus et corrigés afin d'y remplacer des termes jugés offensants. Des relecteurs ont été chargés d'identifier des passages qui pourraient susciter la controverse, tout comme ce fut le cas pour les écrits de Roald Dahl, voici quelques jours.

Coup de semonce sur les romans d'Ian Fleming. L'auteur britannique, à l'origine des célèbres romans d'espionnage mettant en scène James Bond, a vu ses écrits subir quelques modifications, comme l'a remarqué le quotidien anglais The Telegraph. Ian Fleming Publications vient en effet d'annoncer la parution prochaine de nouvelles versions rééditées des oeuvres en question, expurgées de toutes références jugées racistes ou offensantes. Des "sensibility readers", autrement dit des lecteurs chargés d'identifier les passages problématiques, ont été mis à contribution pour adapter les aventures du célèbre espion de sa majesté comme cela est désormais habituel dans les pays anglo-saxons. 

Concrètement, le terme "nègre" est banni de la prose d'Ian Flemming pour être remplacé par "homme noir" ou "personne noire". Les œuvres ont également subi d'autres retouches assez surprenantes. Ainsi, dans Vivre et laisser mourir, sorti en 1954, la scène se déroulant dans un club de strip-tease situé dans le quartier new-yorkais d'Harlem est désormais amputée d'un pan entier de la phrase d'Ian Flemming. "Bond pouvait entendre le public haleter et grogner comme des porcs devant l'abreuvoir. Il sentait ses propres mains empoigner la nappe. Sa bouche était sèche" devient ainsi "Bond pouvait sentir la tension électrique de la pièce".

Les qualificatifs de couleur de peau disparaissent 

Une autre phrase a, elle aussi, été écourtée pour des raisons difficilement perceptibles. "Ce sont des gars plutôt respectueux des lois, sauf quand ils ont trop bu" est soudainement devenu "Ce sont des gars plutôt respectueux des lois". Par ailleurs, les qualificatifs de couleur de peau de certains protagonistes ont disparu. Les gangsters et barman noirs deviennent de simples gangsters ou barmans. 

Néanmoins, fait remarquer le Télégraph, les éditeurs ont semblé fermer les yeux sur d'autres passages qui auraient pourtant pu attirer leur attention. L'homosexualité y est ainsi toujours décrite comme un "handicap tenace", les caricatures ciblant les asiatiques restent intactes et des passages pouvant être assimilés à du sexisme, notamment des femmes incapables d'effectuer "un travail d'homme", figurent toujours dans les ouvrages. 

"En suivant cette approche, nous avons examiné les occurrences de différents mots raciaux dans les livres et avons fait le choix d'en supprimer une partie ou de les remplacer par des termes équivalents et mieux acceptés de nos jours", a déclaré l'éditeur britannique en guise de justification. Un geste qui intervient quelques jours après la réécriture de certains classiques de Roald Dahl afin d'y abroger une poignée de mots jugés inadaptés. En 2020, c'est le titre même d'un roman d'Agatha Christie - Dix petits nègres - qui avait été modifié pour être rebaptisé Ils étaient dix