«On s'assure que les artifices ne rentrent pas côté français» : la chasse aux mortiers d’artifice s’intensifie à la frontière franco-allemande
À l’approche du réveillon de la Saint-Sylvestre, la gendarmerie et les douanes renforcent les contrôles à la frontière franco-allemande pour empêcher l’importation illégale de feux d’artifice et de pétards. Objectif : prévenir leur usage détourné et garantir la sécurité des forces de l’ordre et des citoyens lors des festivités du Nouvel An.
À quelques heures du passage à la nouvelle année, la vigilance des forces de l’ordre est à son maximum. Comme lors de chaque Saint-Sylvestre, les autorités redoutent l’usage détourné des mortiers d’artifice et des pétards, régulièrement utilisés par des délinquants pour viser policiers, gendarmes ou pompiers. Une pratique dangereuse, devenue au fil des années une triste tradition de fin d’année.
Pour tenter d’endiguer ce phénomène, de nombreux préfets ont pris des arrêtés interdisant la vente, le transport et l’utilisation d’engins pyrotechniques jusqu’au début du mois de janvier. Mais ces restrictions n’empêchent pas certains de chercher des alternatives, notamment en se fournissant dans les pays voisins où la réglementation est parfois plus souple. L’Allemagne figure parmi les destinations privilégiées.
À la frontière franco-allemande, les contrôles se multiplient. Au poste frontière du pont Palmrain, une opération conjointe mobilise une vingtaine de gendarmes et de douaniers. Leur mission : contrôler de manière aléatoire les véhicules arrivant d’Allemagne et empêcher l’introduction d’artifices sur le territoire français.
"On a joué, on a perdu"
Le commandant de la gendarmerie de Mulhouse, Charles Romatet, explique la logique de ces contrôles au micro d’Europe 1. "On s'assure que les artifices ne rentrent pas côté français. C'est dangereux parce que ça peut causer des blessures et il y a un mésusage qui est très grave lorsqu'il est détourné, notamment lorsqu'il est utilisé soit vers les forces de l'ordre ou les pompiers à l'occasion de la Saint-Sylvestre", a-t-il justifié.
Malgré les avertissements, certains automobilistes prennent le risque. Kevin, qui rentrait en Alsace, a été intercepté avec trois boîtes de mortiers d’artifice dissimulées dans son coffre. Conscient de l’interdiction, il reconnaît avoir tenté sa chance : "On a joué, on a perdu. On s'est dit peut-être qu'ils vont être un petit peu cléments avec nous, mais malheureusement non, arrêté préfectoral oblige".
D’autres, en revanche, assurent ne pas mesurer la gravité de leur geste. Idriss, contrôlé avec des fusées cachées sous ses sièges, dit ne pas avoir eu conscience du danger. "Ah non, je ne savais pas. Je les ai vus sur des étagères, du coup j'ai pris. J'étais avec les gosses, ils voulaient fêter le Nouvel An et les allumer à minuit", a-t-il fait comprendre. Qu’ils soient informés ou non, les contrevenants s’exposent à une amende forfaitaire de 135 euros, ainsi qu’à la confiscation des produits. En seulement deux heures de contrôle au pont Palmrain, les douaniers ont saisi près de 10 kilos d’artifices. Depuis le début du mois de décembre, ce sont déjà 100 kilos d’engins pyrotechniques qui ont été interceptés dans l’ensemble du département.
Pour les autorités, ces opérations sont indispensables afin de prévenir les violences urbaines et garantir la sécurité de tous lors des festivités du Nouvel An. Le message est clair : à la frontière comme à l’intérieur du territoire, la tolérance est zéro.