Jean-Guy Talamoni 2:45
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Mathilde Durand , modifié à
La Corse subit l'épidémie de plein fouet avec deux hôpitaux seulement et une population âgée. Jean-Guy Talamoni, président de l’exécutif de l’Île de Beauté, décrypte la situation sur Europe 1. 
INTERVIEW

Alors que l'usage de la chloroquine, recommandé par le Professeur Didier Raoult, est très débattu au sein de la communauté scientifique, les autorités en Corse souhaitent généraliser son utilisation pour faire face au coronavirus. Le territoire compte actuellement 22 décès dont un survenu en Ephad. Lundi, des médecins locaux ont tiré la sonnette d’alarme et demandé des kits de dépistage en urgence. Jean-Guy Talamoni, président de l'exécutif Corse, souhaite s'inspirer de la Guadeloupe et contraindre l'ARS par une décision du tribunal administratif afin d’obtenir plus de tests et de chloroquine. Il raconte au micro d'Europe 1. 

Chloroquine et tests pour faire face

"En Corse il y a un large consensus pour demander d'une part la généralisation des tests et  d'autre part que les traitements à la chloroquine puissent être prescrits d'une façon plus large que ce qui a été préconisé par le gouvernement. Les médecins corses, les universitaires réunis dans un collectif anti-covid19 demandent d'une même voix d'élargir le champ de la prescription de la chloroquine", affirme le président.

Proche de l'Italie, en avance sur l'épidémie par rapport à d'autres régions françaises, la Corse demande à être associée à l'expérimentation marseillaise de Professeur Raoult. "Tous les médicaments ont des effets secondaires. La chloroquine est un médicament connu. Evidemment il a des effets secondaires, et il est vrai que le processus scientifique n'a pas pu aller à son terme, chacun en est conscient, mais on nous dit que nous sommes en guerre !"

 

"La Corse est en première ligne, la Corse a des spécificités et nos scientifiques, nos médecins demandent à l'unanimité qu'il y ait un élargissement des prescriptions de la chloroquine y compris par des médecins non hospitaliers, c'est vraiment un cri d'alarme", ajoute-t-il. 

Des hôpitaux déjà saturés 

Sur l'île, la situation est "très inquiétante" estime Jean-Guy Talamoni. "On nous annonce 283 personnes contaminées, mais on est sûrement au-delà, nous avons déjà 22 décès. Cela nous met en première ligne, on nous dit que le pire est devant nous et que les 15 jours qui viennent vont être difficiles."

 

Sur le terrain, le système de santé corse ne peut pas supporter une vague de malades. "On part d'assez bas, déplore le président de l'exécutif. Le schéma régional de santé 2018-2023 prévoit six lits pour 100.000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 11,6 lits pour le même nombre."

 

 

 

Depuis le début de l'épidémie, il assure que des efforts ont été faits en termes de nombre de lits, mais ils sont déjà presque tous occupés. "Malheureusement le taux occupation très important. En temps normal, le taux d'occupation de la réanimation à Ajaccio était de 83% et à Bastia de 104% donc imaginez ce qui peut arriver dans les jours à venir". 

Afin de désengorger les hôpitaux, des malades ont été transportés par l'armée sur le continent. "Si les services de réanimation étaient conformes aux besoins de la Corse, toute l'année et en haute-saison, on ne serait pas obligé de procéder à ce type d'opérations", déplore Jean-Guy Talamoni, qui ne souhaite pas pour autant créer de polémiques. Grâce à des cagnottes privées, les hôpitaux ont pu acheter du matériel médical notamment des respirateurs, une priorité absolue pour les dirigeants.