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INFO EUROPE 1 – Les extraits exclusifs du dernier livre de Nicolas Sarkozy, «Le Journal d’un prisonnier» aux éditions Fayard

Alexandre Chauveau - Mis à jour le . 3 min
Les extraits exclusifs du dernier livre de Nicolas Sarkozy, "Le Journal d’un prisonnier" aux éditions Fayard.
Les extraits exclusifs du dernier livre de Nicolas Sarkozy, "Le Journal d’un prisonnier" aux éditions Fayard. © Jerome Gilles / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Quatre jours avant sa sortie en librairie, Europe 1 dévoile en exclusivité les meilleurs extraits du dernier livre de l’ancien chef de l’Etat. 213 pages d’un récit à la première personne où Nicolas Sarkozy revient sur ses trois semaines de détention à la prison de la Santé à Paris. Une première pour un ancien président.

Une cellule de 12m2 et le strict minimum pour vivre. Dans Le journal d’un prisonnier, Nicolas Sarkozy décrit son quotidien dans les moindres détails, marqué par l’ennui, la solitude, et un environnement hostile : "Je fus frappé par l’absence de toute couleur, écrit l’ancien président. Le gris dominait tout, dévorait tout, recouvrait toutes les surfaces."

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Nicolas Sarkozy n’élude rien : les parloirs avec ses proches sont une bouffée d’oxygène pour ne pas sombrer psychologiquement, tout comme la foi. Au premier jour de son incarcération, l’ancien président s’agenouille pour prier. "C’est venu comme une évidence" raconte-t-il. "Je suis resté ainsi de longues minutes. Je priais pour avoir la force de porter la croix de cette injustice", poursuit l’ancien président, qui décrit également ses longues discussions avec l’aumônier de la prison.

Mais la politique n’est jamais loin. Nicolas Sarkozy évoque entres autres, ses liens distendus avec Emmanuel Macron et le soutien inattendu de Marine Le Pen ou de Sébastien Chenu.

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Un livre intime, où chaque ligne dessine l’impensable : la vie en prison d’un ancien chef de l’Etat, qui clame toujours son innocence. Europe 1 vous dévoile en exclusivité les bonnes feuilles du livre.

Première rencontre avec le prêtre

Carla et Jean furent heureux quand je leur racontai cette rencontre spirituelle inattendue. Était-ce le signe que j’attendais ? Je l’ignore mais cela me permit de passer ce dimanche de solitude annoncée avec une grande tranquillité d’âme. En soi, c’était déjà une victoire inattendue et heureuse. Certains pourront ironiser sur cette forme de conversion subite. Ils l’interpréteront sans doute comme un signe de faiblesse au mieux passagère. Peu m’importe puisque ce sont les sentiments que j’ai profondément ressentis. Je me suis engagé sur la vérité de ce récit. Cette partie de mon témoignage y participe. J’ajoute qu’avant de juger, chacun devrait prendre le temps de réfléchir à l’enfermement, au face-à-face avec soi-même qu’il impose, à la disponibilité d’esprit qu’il autorise et qui permet de percevoir de nouvelles émotions. 

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La prison fut pour moi une épreuve que j’ai essayé de rendre la plus productive possible. On a coutume de dire que l’on apprend à tout âge. C’est vrai car j’ai beaucoup appris à la Santé, sur les autres comme sur moi-même.

Visite des parlementaires LFI

Je m’apprêtais à quitter ma cellule à la fin de la matinée quand une jeune directrice adjointe, que je n’avais encore jamais rencontrée, est venue à moi l’air bien embarrassé : "Je crois qu’il vaudrait mieux que vous renonciez à votre activité sportive et demeuriez dans votre cellule. Deux députés sont en train de visiter la prison. Si vous ne souhaitez pas les rencontrer, ne sortez pas." J’étais interloqué. Qui étaient ces parlementaires ? La directrice ne le disait pas. Elle semblait dépassée par les événements qui venaient de lui tomber dessus. Chaque fois que je lui posais une question sur ce qui était en train de se passer, elle souriait, gênée et mutique. Craignant visiblement de trop en dire. Je n’insistais pas, ne voulant pas l’embarrasser. Je renonçais donc au sport et téléphonais à Christophe Ingrain pour tenter d’en savoir davantage. Il était, lui, parfaitement au courant par les médias qui canonnaient sur le thème des deux parlementaires de La France insoumise présents à la Santé avec un journaliste et un photographe.

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Leur dessein était clair : me voir, me photographier et surtout vérifier que je ne bénéficiais pas d’avantages indus. Lesquels ? Ma cellule était celle des autres détenus. Elle n’avait pas été construite pour moi. Mon quotidien était le même si ce n’est que mon régime était plus sévère. Ainsi, à la différence du quartier des personnes vulnérables ou VIP, ma porte était constamment fermée. Je ne pouvais jamais quitter ma cellule et déambuler dans le couloir. J’avais plutôt moins de droits que les autres détenus. Mon avocat me conseilla de n’avoir aucun contact avec ces élus "dont vous n’avez rien à attendre. Ils ne cherchent que la polémique". Son avis me conforta dans la décision de ne pas accepter la moindre rencontre. Je demeurais ainsi dans ma cellule à attendre que les choses passent. Il y avait donc des gens qui mettaient le combat politique avant la dignité minimale qui aurait dû consister à respecter l’intimité d’un homme en prison.