La Russie et l'Ukraine ont procédé à un échange de prisonniers historique

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Des journalistes entourent le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov alors que celui-ci étreint sa fille Alina Sentsova lors de sa sortie de l'avion le 7 septembre dans un aéroport international à Kiev. © Sergei SUPINSKY / AFP
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avec AFP
C'est une étape historique pour la Russie et l'Ukraine, englués dans un conflit depuis 2014, déclenché par l'annexion de la Crimée par la Russie. 

L'Ukraine et la Russie ont effectué un échange sans précédent de 70 prisonniers, parmi lesquels le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, dont la libération était exigée par la communauté internationale, un événement qui pourrait marquer un premier rapprochement après cinq ans de conflit entre les deux pays.

L'avion transportant les Ukrainiens a atterri samedi en milieu de journée à l'aéroport principal de Kiev où des dizaines de proches et le président Volodymyr Zelensky les ont accueillis sur le tarmac. "Nous avons fait le premier pas (...) Nous devons faire tous les autres pas pour mettre fin à cette horrible guerre", a déclaré le président ukrainien à l'aéroport Boryspil de Kiev, en présence de dizaines de journalistes. Je félicite tout le monde pour la libération de nos héros".

Le médiatique Oleg Sentsov de retour en Ukraine 

Le plus célèbre parmi les prisonniers échangés, Oleg Sentsov, 43 ans, avait été arrêté en 2014 en Crimée après avoir protesté contre l'annexion par la Russie de cette péninsule ukrainienne. Il a ensuite été condamné à 20 ans dans un camp de la région arctique russe pour préparation "d'attaques terroristes". Il avait effectué en 2018 une grève de la faim très médiatisée de 145 jours, qui avait suscité de nombreux témoignages de soutien, notamment au festival de Cannes.

Des échanges sous surveillance

L'Ukraine a notamment relâché Volodymyr Tsemakh, 58 ans, un ex-chef militaire des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine et témoin clé dans le crash du vol MH17. Les Pays-Bas avaient exhorté en vain l'Ukraine à ne pas échanger un témoin vers la Russie, selon le ministère des Affaires étrangères. 

"Nous aurions voulu qu'il soit disponible pour l'enquête", a déclaré jeudi auprès de l'AFP Brechtje van de Moosdijk, porte-parole pour le groupe d'enquête sur le MH17. Avant d'être échangé, Volodymyr Tsemakh a finalement été interrogé par les enquêteurs néerlandais, a cependant déclaré à l'AFP une source informée. La télévision d'état russe a diffusé des images de détenus russes descendant de l'avion à l'aéroport Vnoukovo de Moscou.

"Un signe d'espoir", se réjouit Angela Merkel 

Cet échange historique a été salué par la communauté internationale. La chancelière allemande Angela Merkel l'a qualifié samedi de "signe d'espoir", appelant à poursuivre le travail pour "mettre en oeuvre les accords de Minsk", dans un communiqué diffusé sur Twitter par son porte-parole, Steffen Seibert.

Le président russe Vladimir Poutine avait annoncé jeudi un prochain échange "massif" de prisonniers entre les deux pays, sans préciser de date, affirmant que ce serait "un grand pas vers la normalisation des relations" entre les deux pays, après l'arrivée au pouvoir en Ukraine de l'ancien comédien Zelensky en mai. Mais Moscou a eu du mal à se mettre d'accord avec Kiev sur les noms des prisonniers qui seraient échangés, avait-il ajouté.

Un sommet de paix dit de "format de Normandie" et réunissant les chefs d'État ukrainien, russe, allemand et français devrait être organisé ce mois, pour la première fois depuis octobre 2015.