Christophe Gleizes : qui est Aksel Bellabbaci, l'homme interviewé par le journaliste et dans le viseur du pouvoir algérien ?
En attendant, par exemple, une potentielle grâce présidentielle, Christophe Gleizes reste incarcéré en Algérie. Il lui est notamment reproché d'avoir échangé avec un sympathisant du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, classé comme "terroriste" par le pays. Mais qui est-il et pourquoi est-il dans le viseur d'Alger ?
Si sa mère a, ces derniers jours, adressé une demande de grâce au président algérien, Abdelmajid Tebboune, Christophe Gleizes reste actuellement incarcéré en Algérie. Pour rappel, le journaliste sportif a été condamné en appel à sept ans de prison, entre autres pour "apologie du terrorisme", la justice algérienne lui reprochant des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), classé terroriste par le pouvoir.
Parmi elles, Aksel Bellabbaci, avec qui Christophe Gleizes avait commencé à échanger il y a plusieurs années déjà, de manière intermittente et dans un cadre "professionnel", alors que le journaliste réalisait un reportage sur un club de football, la Jeunesse Sportive de Kabylie. Loin donc de la politique ou d'une quelconque collaboration militante, ces contacts ayant, de surcroît, eu lieu avant que l'Algérie considère le mouvement comme terroriste (en 2021).
Mais qui est cet homme, et que lui reproche son pays d'origine au point de considérer une interaction avec ce dernier comme une raison valable à la condamnation du journaliste ? Europe 1 fait le point.
Une demande d'extradition refusée par la France
Arrivé en France en 2012, où il est réfugié politique au même titre que Ferhat Mehenni, président du MAK, Aksel Bellabbaci est visé par la justice algérienne pour une quinzaine d'infractions, dont certaines passibles de la peine de mort (qui, bien que prévue par le code pénal algérien, n'est plus appliquée en vertu d'un moratoire en vigueur depuis 1993).
Il est notamment accusé d'avoir commandité les incendies qui ont fait près d'une centaine de victimes et ravagé des milliers d'hectares en août 2021 en Kabylie, mais aussi d'avoir incité au lynchage mortel d’un artiste peintre de 38 ans, Djamel Bensmaïl, qui venait aider les habitants à éteindre les flammes et a été présenté (à tort) comme un pyromane.
Cet opposant au régime, qui n'est plus retourné en Algérie depuis 2019, fait partie des personnes affiliées au MAK considérées comme "terroristes" par le pays, qui avait, en conséquence, fait une demande d'extradition à son encontre. Rejetée il y a six mois par la cour d'appel de Paris, permettant à Aksel Bellabbaci d'échapper à une probable incarcération.
Reconnaissant avoir été interviewé par Christophe Gleizes, celui qui est également président de la Fédération kabyle de football appelait lui-même, le 2 juillet dernier, à la libération du Français, argumentant qu'"il n'avait fait qu'exercer son métier, avec rigueur et respect [...] dans le cadre de sa mission qui est celle d'informer le grand public". "Avec Christophe, on ne s'est jamais vus en dehors de France. Et dans nos textos échangés, il n'est fait référence à aucun moment à la politique ou au MAK", confiait-il également au journal L'Equipe ces dernières heures...