Pilar Abel, qui se revendique comme la fille de Dali : "Je vais faire taire tout le monde"

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Henri Laguérie et A.D , modifié à
La tombe du peintre catalan devrait être ouverte jeudi soir afin d'effectuer des prélèvements ADN sur la dépouille de l'artiste. Une femme de 61 ans qui dit être sa fille est à l'origine de la demande.

Le peintre Dali a-t-il eu une fille ? Jeudi soir, dans le secret de son musée où il est enterré, sa tombe devrait être ouverte pour réaliser des prélèvements ADN afin de déterminer si l'artiste a ou non une descendance. 28 après sa mort, une femme de 61 ans prétend être sa fille. L'opération nécessite de déplacer une dalle de plus d'une tonne.

Prélèvements sur place. C'est à l'abri des regards et dans la plus grande discrétion, à partir de 20h quand le musée aura fermé ses portes, que la tombe de Dali devrait être ouverte. Le peintre surréaliste est enterré dans une crypte sous sa propre fondation. La dépouille ne devrait pas être déplacée, des prélèvements devraient être directement réalisés sur place, sur "des restes osseux et/ou des pièces dentaires", selon le document judiciaire ordonnant l'exhumation. Pour Pilar Abel - qui dit être le fruit de la rencontre entre sa mère, employée de maison, et l'artiste catalan, chez des amis du peintre - cette exhumation est une immense victoire : "J'ai attendu très longtemps et je serai encore plus heureuse quand j'aurai les résultats. Je vais faire taire tout le monde. Ça a été une lutte sans merci, alors j'ai hâte d'annoncer une bonne nouvelle à ma mère", dit celle qui assure se battre depuis dix ans pour obtenir cette reconnaissance.

"Scandaleux". Mais rien n'est tout à fait simple. Deux recours déposés par la fondation Dali et la ville de Figueras, propriétaire du musée, peuvent encore suspendre à la dernière minute l'opération. Toutefois, sauf "surprise administrative ou logistique", la dépouille de Dali sera bien exhumée, a expliqué une source judiciaire. Une fois les échantillons transmis à un institut pour analyses, les résultats devraient être connus d'ici quelques semaines. Chez les visiteurs du musée, cette exhumation passe mal, comme pour Béatrice, en vacances dans la région : "Je trouve ça scandaleux. Quand bien même, ils vont le déterrer, ça sert à quoi", s'interroge-t-elle. "La personne ne veut pas pour autant passer des moments avec son père. je pense qu'il faut respecter les choses, et respecter la mort, en l’occurrence", argue cette touriste.

Formol. Le succès de l'opération n'est par ailleurs pas garanti. Le formol qui a été utilisé pour embaumer le cadavre pourrait avoir endommagé la structure génétique de l'artiste espagnol. Si les tests prouvaient sa filiation, Pilar Abel pourrait réclamer sa part de l'héritage de Dali, au minimum 25% selon son avocat, bien qu'elle martèle mener ces procédures avant tout pour "connaître (s)on identité". Mais si les tests se révélaient négatifs, "nous continuerons à nous battre !", a affirmé la sexagénaire.