La mort de George Floyd a déclenché d'importantes manifestations aux Etats-Unis. (Image d'illustration) 1:30
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Le procès du policier à l'origine de la mort de George Floyd, un Afro-américain mort pendant une arrestation très violente en mai 2020 à Minneapolis, a donné lieu mardi à une série de récits de la part de différents témoins du drame, tous faisant état d'une scène traumatisante.

Des jeunes filles armées de téléphones, un féru d'arts martiaux et une femme pompier, tous témoins de l'agonie de George Floyd, ont livré des témoignages bouleversants mardi devant le tribunal de Minneapolis, se désolant de ne pas avoir pu "sauver" l'Afro-Américain. "Certaines nuits, je reste éveillée et je m'excuse auprès de George Floyd de ne pas avoir fait plus", a confié en pleurs Darnella Frazier, 18 ans, appelée à témoigner au procès du policier blanc Derek Chauvin. Le 25 mai, dans la grande ville du nord des Etats-Unis, elle était sortie faire une course avec une petite cousine, quand elle s'est retrouvée face à une scène qui, de son propre aveu, a "définitivement" changé sa vie. Devant elle, Derek Chauvin se tient à genou sur le cou de George Floyd qui halète, gémit, supplie, puis s'évanouit. Darnella Frazier sort son téléphone portable et commence à filmer. 

Sa vidéo, mise en ligne sur internet, fera le tour du monde, poussant des millions de personnes à manifester contre le racisme et les violences policières. Mais, sur le moment, la jeune fille tente juste de convaincre le policier de lâcher prise. "Je suis quelqu'un qui garde tout en moi", a-t-elle expliqué aux jurés. "Mais quand j'ai vu ce que j'ai vu, je me suis faite entendre." Sur le trottoir à côté d'elle, une ancienne camarade de lycée, 17 ans, a le même réflexe. Tout en filmant, celle-ci crie aux policiers : "Vérifiez son pouls, ça fait une minute qu'il ne bouge plus."

"On n'a rien pu faire"

Genevieve Hansen, une femme pompier de 27 ans en congé ce jour-là, interpelle aussi Derek Chauvin et ses collègues. Elle s'identifie, demande à apporter son aide. En vain. "Dès que quelqu'un essayait de s'approcher", les policiers les écartaient. "Ils étaient sur la défensive", a commenté Darnella Frazier. Après de longues minutes, une ambulance arrive, trop tard pour ranimer le quadragénaire noir. Et ces témoins ne s'en sont toujours pas remises.

"On n'a rien pu faire, des forces puissantes étaient là et j'ai l'impression d'avoir laissé tomber" George Floyd, a déclaré, très émue, la seconde jeune fille. S'essuyant elle aussi les yeux, Genevieve Hansen s'est dite "totalement bouleversée" de ne pas avoir pu, entre autres, pratiquer de massage cardiaque sur le quadragénaire. "On lui a dénié ce droit", a-t-elle dit. "Quand je pense à George Floyd, je vois mon père, mes frères, mon cousin, mon oncle. Ils sont tous noirs", a ajouté Darnella Frazier. "Ça aurait pu être eux."

Alors, certaines nuits, elle fait des insomnies et s'excuse auprès de George Floyd de ne pas "s'être interposée physiquement" pour le sauver. "Mais ce n'était pas à moi de faire autrement, c'était à lui", a-t-elle conclu à l'adresse de Derek Chauvin.