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Les juges ont ordonné un non-lieu jeudi pour Air France et Airbus, dans l'affaire du crash du vol Rio-Paris, il y a dix ans. Dominique Bussereau, ministre des Transports à l'époque, est l'invité de Matthieu Belliard dans la matinale de vendredi.
INTERVIEW

Au terme d'une longue enquête de dix ans, les juges d'instruction ont établi que ni la compagnie Air France, ni le constructeur Airbus ne sont responsables du crash Rio-Paris de 2009. L'accident, lors duquel l'avion s'était abîmé en pleine nuit dans l'océan Atlantique, avait fait 228 morts. C'est le plus meurtrier de l'histoire de la compagnie française. Dominique Bussereau, ministre des Transports à l'époque, était invité vendredi dans la matinale de Matthieu Belliard pour réagir à ce non-lieu.

"Il y a eu un excès de confiance dans le système automatique et dans les sondes", confirme l'ancien membre du gouvernement. Il refuse toutefois d'incriminer uniquement les pilotes, pointés du doigt dans plusieurs rapports successifs pour leurs actions inadaptées. "Comme tout accident, il y a toujours plusieurs causes : dans ce cas, la responsabilité est partagée entre les pilotes, l'avion et les procédures en cours au sein de la compagnie Air France à l'époque", poursuit-il.

Airbus et Air France avaient été mis en examen en 2011

Premiers résultats de l'enquête : le constat du givrage en vol de sondes de vitesse, qui avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes. En 2011, les deux entreprises avaient été mises en examen pour "homicides involontaires".

Le parquet de Paris, lui, avait demandé aux magistrats de renvoyer Air France devant le tribunal correctionnel et de prononcer un non-lieu pour Airbus. Il estimait que la compagnie avait commis une négligence en ne délivrant pas à ses pilotes suffisamment d'informations sur la procédure à adopter en cas d'anomalies liées aux sondes.

"On ne peut pas parler de complot"

Face à la décision du non-lieu, la principale association de proches de victimes, AF447 Entraide et solidarité (en référence au numéro du vol AF447), accuse désormais la justice d'avoir été guidée par des intérêts économiques supérieurs. Elle a annoncé son intention de faire appel.

"On ne peut pas parler de complot, la justice en France est complètement indépendante", affirme cependant Dominique Bussereau. "Si les juges prennent ce type de décision, c'est qu'ils ont une intime conviction, et je ne crois pas qu'Airbus ou Air France donnent des instructions au juge."