Finale Toulon-Clermont : la peur du (stade) vide

© Bertrand LANGLOIS/AFP
  • Copié
, modifié à
RUGBY - La finale 100% française de Champions Cup, prévue samedi 2 mai à 18h à Twickenham, n'attire pas les foules.

Pour la deuxième fois en trois éditions - et la cinquième fois dans l'histoire de cette compétition créée en 1996 -, la finale de la Champions Cup - ex-Heineken Cup -, oppose deux clubs français, le RC Toulon à l'ASM Clermont-Auvergne. Cette finale aura lieu samedi, à Londres, à Twickenham. Evidemment, la présence de deux équipes de Top 14, tombeuses des Saracens pour Clermont et du Leinster pour Toulon, atténue considérablement l'impact local de cette finale et l'intérêt du public. Organisateur de la compétition, l'European Professional Club Rugby (EPCR) a dit s'attendre à une affluence de 50.000 personnes, dimanche, dans un stade qui peut en accueillir 82.000. C'est à peu près les mêmes chiffres que pour les deux précédentes finales franco-françaises disputées hors de l'Hexagone : Toulouse-Stade Français en 2005 à Murrayfield (51.326) et Toulon-Clermont (déjà), en 2013 à l'Aviva Stadium de Dublin (50.148).

Désireux de booster les ventes de billets ces derniers jours, l'EPCR a décidé de casser les prix. Alors que les billets les moins chers proposés sur les sites de vente en ligne sont à 69 livres, soit environ 96 euros, l'EPCR et l'Aviva Premiership ont décidé d'une offre couplée avec la finale du championnat d'Angleterre. Chaque acheteur d'une place pour la finale de l'Aviva Premiership se voyait offert une place pour la finale de la Champions Cup. Pire, il a même été possible pendant un temps d'acheter sa place pour la finale de la Champions Cup gratuitement (et directement), en ne payant que les frais de réservation d'un montant de deux livres (2,80 euros).

"Avez-vous vu qu'ils offrent désormais des billets gratuits pour la finale de la Champions Cup ? Injuste pour les fans qui avaient déjà un ticket."

Mercredi, les organisateurs ont expliqué qu'il s'agissait d'une erreur technique. Certes. Mais le premier prix d'une place pour la finale du championnat anglais est vendu 29 livres (40 euros), 50 euros moins cher que la place la moins chère à l'unité pour la Champions Cup... Cette mesure discount, réservée aux locaux, a évidemment fait enrager les supporters des deux clubs, qui ont souligné l'ironie de la chose sur les réseaux sociaux.

Toulon 1280

© Reuters

460 euros le voyage à Londres. Si les organisateurs ont été obligés de brader les places, c'est aussi parce que les supporters français seront peu nombreux à se déplacer. Le RC Toulon a renvoyé 40% des billets qui lui avaient été alloués, alors que les fans de l'ASM seront à peine 5.000. En tout, moins de 10.000 Français devraient ainsi garnir les tribunes de Twickenham. C'est peu mais il y a plusieurs raisons à cela : le coût des places (Tout le monde n'a pas eu la chance de l'avoir à 2,80 euros ! Le prix des places s'échelonnait de 58 à 110 euros, ndlr) et surtout celui du déplacement. Ainsi, sur son site officiel, le RCT proposait un voyage tout compris pour Londres pour la somme de 460 euros, place non incluse. Et pour ceux qui ne souhaitaient pas faire l'aller-retour dans la journée, le prix d'un hôtel à Londres conserve un fort impact dissuasif.

Par ailleurs, ne faut pas sous-estimer non plus la lassitude qui peut s'emparer des supporters. Pour les fans du RCT, ce sera la troisième finale de Coupe d'Europe de rang, et la troisième hors de France. Les deux dernières ont été gagnées. L'excitation des premières a disparu. Et quand on sait qu'on aura peut-être aussi la possibilité de monter sur Paris pour un finale du Top 14 dans quelques semaines, ça fait réfléchir...

L'EPCR a forcément conscience de cela. Conscience que la finale aurait sans doute due être programmée à la mi-mai, afin de laisser trois semaines au lieu de deux entre les demi-finales et la finale. Conscience également qu'il aurait été préférable, pour elle et ses revenus, que la finale ait lieu en France. Mais il est impossible de déplacer une finale ou de définir le lieu en fonction des deux finalistes. L'EPCR doit également regretter que cette finale 2015 n'ait pas lieu à Milan, lieu choisi à la base avant que la compétition ne change d'organisateur en début de saison. Du bout des lèvres, l'EPCR concède qu'il serait de bon ton de sortir de Cardiff, Dublin, Londres, Edimbourg et Paris afin de faire de la Champions Cup une vraie Coupe d'Europe, susceptible d'attirer plus de curieux qu'à Londres...