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Maud Descamps, édité par A.H. , modifié à
Des milliers de personnes, réunies en assemblée générale quotidienne sur la place de la République, à Paris. Vous vous en souvenez ? C'était il y a un an.
L'ENQUÊTE DU 8H

Il y a tout juste un an, le 31 mars 2016, naissait "Nuit debout". Des milliers de personnes se réunissaient place de la République, à Paris, pour protester contre la loi Travail. Le mouvement avait muté en vaste contestation nationale. Avant de s’essouffler. Qu'en reste-t-il aujourd'hui, à seulement trois semaines de l'élection présidentielle ?

"Nuit debout" s'est transformée. Souvenez-vous : ils étaient jusqu'à 20.000, place de la République à Paris, et 120.000, au plus fort du mouvement, dans toute la France. C'était juste avant l'été. Puis, il y a eu les vacances et la mobilisation n'a jamais vraiment repris. Mais pour Lison, "Nuit debout" a évolué : "Quand on a vu que l'occupation de la place (de la République, ndlr) n'était plus un format pertinent, on s'est regroupés entre gens qui avaient envie de travailler ensemble. Il y a, par exemple, un collectif féministe qui s'est créé. Il y a aussi une 'contre campagne présidentielle', qui s'appelle Miroir 2017", énumère-t-elle. Des associations, nées de la mobilisation, ont également perduré, comme le journal Gazette Debout, ou encore Debout Éducation populaire, dont l'objectif est de transmettre les savoirs. Mais il est difficile d'en mesurer l'impact.

Charlotte Marchandise et Jean-Luc Mélenchon. Beaucoup moins présente dans les esprits des politiques comme des citoyens, "Nuit debout" n'a pas réussi à peser dans cette présidentielle. Il y a bien eu une tentative de candidature, dans la mouvance Nuit debout : celle de Charlotte Marchandise, que nous avions reçue dans la matinale d'Europe 1, et qui avait remporté la primaire citoyenne. Mais elle n'a pas obtenu les 500 parrainages nécessaires à sa candidature. Finalement, les "Nuit deboutistes" qui voulaient s'engager ont rejoint Jean-Luc Mélenchon. François Ruffin, le réalisateur de Merci patron !, se présente lui aux élections législatives dans la Somme. Présenté sous l’étiquette "Picardie Debout", il a obtenu le soutien de Jean-Luc Mélenchon, des Verts et du Parti communiste.

Le mouvement s'essouffle, les idées restent. Nourris de grands espoirs l'an dernier, les militants de "Nuit debout" doivent-ils pour autant être déçus de constater le résultat aujourd'hui ? Pour le spécialiste des mouvements sociaux, Michel Wieviorka, les idées sont en train d'infuser. "Je fais la comparaison avec Occupy Wall Street : le mouvement a disparu, mais si vous avez suivi la campagne des primaires américaines, on a vu que Bernie Sanders a utilisé les idées d'Occupy Wall Street", souligne-t-il. "Les idées continuent à circuler, et rien ne dit que, demain ou dans six mois, on n'aura pas des surgeons de Nuit debout".

En Espagne, il a fallu trois ans aux Indignés pour donner naissance au parti Podemos. Des militants de "Nuit debout" assurent que des candidatures issues du mouvement pourraient émerger pour les prochaines municipales, en 2020.