"Jungle" de Calais : des heurts en marge du démantèlement

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© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Des heurts ont opposé les forces de l'ordre à des migrants et des militants de No Border dans l'après-midi, alors que le démantèlement du camp a débuté lundi matin. 

Le début du démantèlement partiel de la "jungle" de Calais, lundi, s'est mal passé. L'évacuation du camp a débuté dans un climat tendu, qui a dégénéré en heurts avec la police dans l'après-midi, sur fond de colère d'associations. Trois activistes No border et un migrant mineur ont été interpellés, et cinq CRS légèrement blessés, selon la préfecture. Dans la soirée, quelque 150 migrants, certains armés d'une barre de fer, se sont postés pendant une heure sur la rocade portuaire jouxtant la "jungle" de Calais, lançant des pierres ou tapant sur des véhicules en partance vers l'Angleterre. Les opérations de démantèlement ont, elles, cessé en fin d'après-midi. 

Les CRS ont usé de gaz lacrymogène. Une vingtaine de salariés d'une entreprise de travaux publics ont commencé à s'activer dès le début de la matinée dans la partie sud du bidonville, où vivent de 800 à 1.000 migrants selon la préfecture, mais 3.450 selon les associations. Leur intervention s'est terminée en fin d'après-midi, pour la première journée. Sous un soleil radieux mais par un vent glacial, ils ont démonté à la main les abris de fortune, vides pour la plupart, se débarrassant d'objets divers dans de grandes bennes.

Mais après une matinée plutôt calme, la situation s'est tendue en début d'après-midi : à la suite d'un départ de feu de cabanes, des projectiles ont été lancés sur les CRS par des migrants et des militants de No border (150 personnes selon la préfecture). Les CRS ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogène. Une vingtaine de cabanes ont total ont été incendiées par des migrants et des militants No border, nécessitant l'intervention des pompiers. Parfois, une colonne d'épaisse fumée noire s'élevait dans le ciel. En fin de journée, des heurts sporadiques opposaient encore migrants et CRS, qui ripostaient de nouveau par gaz lacrymogène aux jets de projectiles. 

La colère des associations.Des associations historiques, comme l'Auberge des migrants, ont vivement critiqué l'opération : "Les policiers sont arrivés le matin et ont demandé aux migrants encore présents de partir et, dans la foulée, ils ont tout démoli. La façon dont c'est fait est violente, dégradante et contraire aux engagements de l'État", a lancé l'un de ses représentants, François Guennoc. "Le démantèlement avait été annoncé comme pacifié, ciblant les tentes vides et les abris inoccupés", a commenté Olivier Marteau, responsable du "projet Calais" pour MSF. "Il a en réalité ciblé tous les logements de la zone 9, densément occupée et habitée, et inévitablement dégénéré en violences, dans un camp où vivent des familles et des enfants".

Jeudi, le gouvernement, qui veut démanteler le plus grand bidonville de France où survivent entre 3.700 et 7.000 migrants selon les sources, avait obtenu gain de cause auprès du tribunal administratif de Lille pour une évacuation partielle du camp, contestée par migrants et associations. Les autorités avaient immédiatement assuré qu'elles n'entendaient pas recourir à la force.