Écoliers français mauvais en maths : comment font les autres pays ?

Grâce à une culture de l'éducation différente, les écoliers asiatiques sont les meilleurs en mathématiques.
Grâce à une culture de l'éducation différente, les écoliers asiatiques sont les meilleurs en mathématiques. © JUNG YEON-JE / AFP
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Pierre Herbulot, édité par C.L.
La dernière étude TIMSS montre clairement les lacunes des jeunes Français en maths et en sciences. Pourtant, en Asie ou en Belgique des méthodes simples font leurs preuves.

L'étude TIMSS publiée mardi révèle une chute vertigineuse du niveau de nos élèves en mathématiques et en sciences. Les petits Français de CM1 sont les moins performants de l'Union européenne, classés 28es sur 28 et sous la moyenne des 50 pays développés concernés par l'étude.

Au lieu de chercher ce qui ne va pas dans le système français, prenons le problème à l'envers et regardons en Asie, où cinq pays raflent les cinq premières places du classement : Taïwan, Hong-Kong, le Japon, la Corée du Sud et surtout Singapour, leader depuis 15 ans.

Des exercices concrets. On parle même de "méthode Singapour" : rendre les maths les plus concrètes possible, quitte à les théâtraliser. Jean Némo est le directeur de la Librairie des écoles, un éditeur qui prône cette méthode. Exemple avec un exercice de CP : avant de poser sa question, le professeur demande à deux filles et trois garçons de la classe de se lever. "Quelle est la proportion d'enfants debout qui sont des filles. Deux sur cinq évidemment, mais en passant par cette mise en scène concrète, l'exercice est plus vivant et plus motivant pour eux. On va essayer de multiplier les représentations avant d'arriver à la forme écrite 2/5. On va du concret à l'abstrait, du simple au complexe." 

La méthode belge. La "méthode Singapour" séduit de plus en plus. 60 pays aurait commencer à l'utiliser et en France, 5% des écoles l'ont adoptée. Moins loin, il y a la technique de la Belgique, 10e au classement. Là où chez nous, on apprend à compter jusqu'à 100, eux apprennent à calculer jusqu'à 20, explique le mathématicien Rémy Brissiaud. "Les élèves savent que 12, c'est 10+2, 11+1, 2x6, 3x4, etc. Ils savent comment un nombre est constitué de nombres plus petits."

Mieux former les enseignants. Comprendre plutôt qu'apprendre, c'est une recette qui fonctionne. Mais ce n'est pas la seule. Pour Dirk Hastedt, qui a dirigé l'étude, il y a un point commun chez tous les pays qui s'améliorent : "Dans de très nombreux pays, les critères de recrutement des professeurs sont beaucoup plus exigeants. Du coup, l'enseignement est bien meilleur qu'il y a vingt ans." Des professeurs mieux formés, c'est l'inverse de la France. Sous le quinquennat Sarkozy, on a moins recruté, tandis que François Hollande est souvent taxé d'avoir abaissé les critères de recrutement. L'autre secret, c'est des grosses réformes que l'on tient dans le temps, comme au Portugal en 2005. C'est le pays qui progresse le plus dans le dernier classement. En France on a fait 7 réformes en 30 ans.

Pas que des avantages. Mais il y a forcément un revers de la médaille. Ainsi, dans les pays asiatiques, il y a une culture de l'éducation différente. Les parents dépensent énormément d'argent pour les cours du soir, même pour les jeunes enfants. Les heures de travail s'accumulent et la concurrence est très rude. Voilà ce qu'en pense Sun, une Coréenne qui habite en France : "Je ne veux pas que mes filles travaillent autant que moi quand j'étais jeune, ça c'est sûr !". Elle dit même envier l'éducation française !